Approuvé en première lecture par les députés début février et amendé depuis par les Lords, le texte, sauf examen prolongé à la chambre des Communes, pourrait être adopté définitivement par les deux chambres du parlement dès lundi soir.
"Je demanderai aux députés de renvoyer le texte à la chambre des Lords dans sa forme originale, afin que nous puissions commencer à bâtir une Grande-Bretagne tournée vers le monde et un nouveau partenariat fort avec l'UE", a déclaré samedi le ministre du Brexit David Davis.
Les Lords, membres de la chambre haute du parlement, ont déposé deux amendements: l'un réclamant la protection des droits des trois millions d'européens vivant au Royaume-Uni, l'autre demandant que le parlement ait le dernier mot sur l'accord final avec Bruxelles. Mais il est probable que les députés les annulent, signifiant un possible déclenchement du Brexit dès mardi.
La Première ministre conservatrice Theresa May a jusqu'ici refusé de communiquer une date précise, se contentant de répéter qu'elle activerait avant fin mars l'article 50 du Traité de Lisbonne, qui lancera deux années de négociations de sortie de l'UE.
"Nos partenaires européens m'ont fait clairement comprendre qu'ils voulaient aller de l'avant avec les négociations, et moi également", a-t-elle simplement dit jeudi à Bruxelles, huit mois et demi après le référendum ayant décidé le Brexit.
Le Premier ministre irlandais Enda Kenny a assuré que Bruxelles se préparait à un déclenchement du Brexit dès mercredi, et le responsable du dossier Brexit du parti d'opposition travailliste, Keir Starmer, a réaffirmé dimanche que Theresa May entendait activer l'article 50 mercredi ou jeudi.
- 'Divorce le plus complexe' -
Les dirigeants des 27 autres Etats membres pourraient dès lors se réunir le 6 avril pour un sommet visant à définir des "lignes directrices" des négociations à venir. Les Européens chercheront à faire corps, face à des Britanniques susceptibles d'exploiter les divisions au sein du bloc.
Parmi les sujets brûlants figurera notamment la facture de la sortie de l'UE: Bruxelles pourrait exiger des Britanniques jusqu'à 60 milliards d'euros, selon plusieurs sources européennes, un montant correspondant aux engagements déjà pris par Londres en termes de contribution au budget européen.
Le sort des trois millions d'Européens installés outre-Manche devra aussi être tranché: Theresa May refuse pour l'heure de garantir leurs droits avant d'avoir obtenu des assurances similaires pour le 1,2 million de Britanniques vivant dans l'UE.
Les négociations sont censées durer deux ans, mais la tâche sera titanesque pour venir à bout du "divorce le plus complexe de l'histoire", selon l'ancien ministre conservateur William Hague.
L'hypothèse d'un échec des négociations entre Londres n'est d'ailleurs pas exclue.
"Nous nous préparons à toutes les issues possibles", a affirmé dimanche le ministre du Brexit David Davis. Et Theresa May a, elle, prévenu qu'elle préférait "pas d'accord" à un "mauvais accord" avec Bruxelles.
S'il intervient cette semaine, le déclenchement du Brexit coïncidera avec le congrès des indépendantistes du Parti national écossais (SNP), vendredi et samedi à Aberdeen. Le discours de Nicola Sturgeon, Première ministre écossaise et cheffe du SNP, sera alors scruté d'encore plus près.
Mme Sturgeon fait valoir qu'une sortie de l'UE pourrait justifier l'organisation d'un nouveau référendum d'indépendance de l'Ecosse, parce qu'elle s'est prononcée à 62% contre le Brexit. Jeudi sur la BBC, elle a jugé "logique" qu'une nouvelle consultation se tienne à l'automne 2018, après celle qui avait été perdue par les indépendantistes en septembre 2014.
S'il n'est pas encore majoritaire, le soutien a une indépendance semble avoir progressé ces derniers mois en Ecosse: selon un sondage Ipsos Mori publié début mars, 49% des Ecossais y sont aujourd'hui favorables.
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