Sculptures, souvent sonorisées, faites d'objets de récupération, pièces détachées de voiture ou même d'avion et de train, témoignent, pour les commissaires de l'exposition, d'une "envie de départ permanent" de l'artiste qui, vers la fin de sa vie, séjournera durant deux ans au Japon.
"On a appelé l'exposition +Déplacements+ car une part du travail de Baquié agit par déplacements intellectuels et artistiques successifs et parce que la question du déplacement physique et mental est très présente dans l'oeuvre", explique Ricardo Vazquez, commissaire associé de l'exposition avec Jean-François Chougnet, président du MuCem, à Marseille.
Né à Marseille en 1952, Richard Baquié "avait un avenir international très important", ayant eu plusieurs grandes exposions de son vivant, notamment l'une au centre Georges Pompidou, à Paris et une autre au musée Guggenheim, à New York.
Le travail qui lui a apporté la notoriété, dans les années 80, est une oeuvre éphémère, "le Rhinocéros". Faite de fil de fer et en toile, elle a été jetée dans la rade de Marseille, exactement comme dans l'histoire vraie dont il s'était inspiré : celle d'un rhinocéros offert à un roi de France et qui devait débarquer par bateau. Il n'y est jamais arrivé, le bateau ayant coulé dans la rade de la cité phocéenne.
"Le titre donne sens à l'oeuvre"
"Artiste en plein développement", selon Ricardo Vazquez, Richard Baquié est mort d'un cancer en 1996. Deux rétrospectives lui ont été consacrées depuis, mais aucune exposition n'avait eu lieu depuis vingt ans.
A l'hôtel des Arts, les oeuvres sont montrées de manière chronologique, parfois regroupées par thèmes comme cette série d'armes, pour lesquelles l'artiste avait une passion, faites de vieilles boîtes de conserves ou au pochoir, préfigurant le street art.
Une salle est consacrée à une commande publique de l'Etat pour promouvoir une politique culturelle à Marseille. Erigée en 1998 dans le quartier Malpassé, dans les quartiers nord, "L'Aventure", un ensemble de neuf lettres de métal, de miroirs et d'une fosse contenant une voiture, a dû être détruite en 1990, victime de malfaçons et d'un défaut d'entretien.
Les titres des oeuvres sont poétiques et souvent énigmatiques: "Fixer", "Via Air Mail", "Autrefois il prenait souvent le train pour travestir son inquiétude en lassitude", "Tout projet commence par une histoire". "Le titre est toujours très important et vient compléter l'objet ou parfois le contredire", explique Ricardo Vazquez.
"C'est vraiment le titre qui donne sens à l'oeuvre", dit-il, car "un élément fondamental de son oeuvre est la question de la pensée et de l'aspect éphémère des choses, de l'amour, de la pensée, de la relation à l'autre... de la vie".
Entre 1980 et 1990, Richard Baquié a produit quasiment la totalité de son travail. "Ensuite il a eu une période d'accalmie après une exposition à Beaubourg en 1987. Il a assez peu produit après", souligne le commissaire d'exposition.
Une trentaine d'oeuvres sont exposées dans le cadre de l'exposition de l'Hôtel des Arts, qui se tient jusqu'au 7 mai.
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