. S'adapter, vite
Nation la moins bien armée du Tournoi, l'Italie joue avec ses moyens et use de malice. Les Anglais ont failli ne pas s'en remettre à Twickenham: menés à la pause (5-10), ils ont mis une heure avant de s'adapter au refus de la Nazionale d'aller dans les "rucks" (mêlées ouvertes), permettant à sa défense de monter et de couper les lignes de passes des anglais.
"On essaye de trouver des parades à l'histoire des rucks. Nous devons être très réactifs pour contrer cela", a prévenu Julien Le Devedec, titulaire en deuxième ligne. "Peut-être qu'ils sortiront quelque chose de nouveau", se méfie Camille Lopez. "Le tout est de rester serein et de ne pas paniquer, contrairement aux Anglais qui ont été pris par surprise et voulu se précipiter."
Si Sergio Parisse et les siens refont le coup des rucks fantômes, l'ouvreur de Clermont esquisse une solution: "ils coupent les liaisons (les passes) mais tu as le temps de t'organiser car celui en position de neuf (le demi de mêlée), à aucun moment, ne peut être touché. Et il n'y a pas de limite de temps (pour éjecter) comme dans un ruck. Tu (l'ouvreur) peux te mettre dans l'axe profond (plus loin, où a priori l'adversaire ne viendra pas le chercher). En tout cas, il faut prendre le temps de se structurer."
. Patienter, alterner, respirer
Prendre le temps... Le credo qui revient systématiquement dans la bouche des Français. Il vaudra particulièrement face à une équipe habituée à craquer après l'heure de jeu, comme contre les Gallois (7-33) ou les Anglais (15-36), avec 3 essais encaissés à chaque fois dans les 20 dernières minutes.
"Il faudra tenir et être lucide pendant tout le match", estime Lopez. De lucidité, le Béarnais, maintenu titulaire malgré le retour de François Trinh-Duc, a semblé en manquer à Dublin, où la France s'est inclinée 19-9 face à l'Irlande, pour n'avoir pas su varier les plaisirs. "Il faudra jouer au pied à bon escient", promet-il.
"On a envie de produire, mais parfois il faut être intelligent et alterner, comme les équipes qui gagnent", dit le centre Gaël Fickou.
"Les All Blacks, l'Angleterre mettent énormément de jeu au pied, ils ne font que ça presque. (...) Parfois on ne sait même pas pourquoi ils mettent autant de jeu au pied, mais en fait on se rend compte qu'on est tout le temps chez nous et sous pression dans ton camp", fait remarquer le Toulousain.
. Avancer, enfin
Depuis le début du Tournoi, la France n'a marqué que deux essais. C'est la plus mauvaise attaque du plateau: même l'Italie a fait mieux (4).
Outre l'alternance, la solution est à chercher dans la domination du pack et la discipline. "Il faudra être plus rigoureux (...) pour ne pas faire de faute et collectivement, pour mettre en place notre jeu", avance Lopez.
Son camarade de charnière Baptiste Serin vise lui "les petits détails sur nos lancements de jeu" qui permettraient, s'ils étaient réglés, de déborder les Italiens. "Il faut tenir des séquences de jeu en étant très disciplinés, en gardant le ballon, en avançant", martèle le Bordelais.
Le plan, c'est de mener d'entrée. "Être plus réaliste, prendre le score et après on verra", édicte le N.9, qui souhaite "quatre-cinq temps de jeu vraiment très propres pour se mettre dans de bonnes dispositions d'attaque."
Pour marquer, les Bleus doivent aussi dépasser la peur qui semblait tellement présente contre l'Ecosse (22-16).
Or, Rome est aussi un match à ne pas perdre, plutôt qu'à gagner. "J'espère qu'on aura appris de l'Ecosse et qu'on sera capable d'aborder ce match en gardant cette notion de plaisir", demande Lopez. "Il n'y a pas de raisons que le résultat ne soit pas au bout."
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