"Tout ce qui est médical est un peu oublié dans cette campagne, alors qu'il y a un certain malaise dans les zones rurales", se désole Françoise Le Gall dans sa boulangerie de ce bourg de 1.400 habitants.
Les hommes politiques "sont trop loin des préoccupations des gens", estime cette femme de 58 ans, qui ne sait pas encore pour qui elle votera au printemps. "Ni pour la gauche, ni pour l'extrême droite", affirme-t-elle, en disant porter un regard critique autant sur le quinquennat de François Hollande que sur celui de Nicolas Sarkozy.
Les campagnes sont confrontées au départ à la retraite des médecins et au désengagement des services publics de santé, alors que les aides à l'installation de jeunes praticiens et la création de maisons médicales ne parviennent pas à pallier la désertification médicale.
Assurant suivre tous les débats télévisés, Mme Le Gall se dit favorable à l'augmentation du numerus clausus, ainsi que le souhaitent certains candidats: "au lieu de faire venir des étrangers en France, pourquoi ne pas ouvrir plus de places pour nos jeunes?" s'interroge-t-elle.
Elle se dit favorable à l'idée de contraindre les jeunes médecins à s'installer pour quelques années dans les zones les plus défavorisées.
"La pénurie de médecins n'est pas la préoccupation des politiques", se désole également Jean-Louis Tétart, 64 ans. Alors que les habitants de la commune ont dû se tourner vers les bourgs voisins pour trouver un généraliste après le départ à la retraite du leur en 2011, il regrette que ces médecins ne se déplacent pas autant qu'il le faudrait chez leurs patients. "Ils sont surchargés, c'est l'enfer", se désole-t-il.
'Généraliste dating'
"Nous avons des médecins dans les communes environnantes mais qui arrivent à saturation", confirme Noël Cozic, le maire de Landudec, estimant que ces derniers "fuient les zones rurales de peur de devoir travailler jusqu'à 80 heures par semaine et d'être isolés".
"Notre médecin est parti il y a cinq ans et depuis on cherche désespérément à le remplacer", poursuit le maire de cette commune dotée d'une maison médicale avec une infirmière, un kinésithérapeute et un ostéopathe.
La commune a d'ailleurs fait le buzz l'été dernier en publiant sur internet une vidéo intitulée "Toubib or not Toubib" dans laquelle elle vante avec humour ses atouts: "des champs, des fraises et des surfeurs", mais aussi une maison de retraite, une discothèque ou un camping. "La seule chose qui manque à notre bonheur, c'est un docteur!" conclut la vidéo visionnée plus de 430.000 fois sur les réseaux sociaux.
Mais en dehors d'une certaine renommée sur la toile, le bourg, situé en zone médicale blanche, n'a pas réussi à attirer de praticien, qui se verrait pourtant proposer pendant un an un salaire mensuel de 6.900 euros brut et le loyer de son cabinet, avec une dégressivité la deuxième année.
"Même avec ça on ne trouve personne", se désole le premier-adjoint, Ronan Bernard, qui dit ne pas avoir "entendu de proposition vraiment concrète de la part des candidats" sur cette question.
"Chaque commune doit se débrouiller seule pour régler le problème", regrette l'élu. Il explique que depuis peu et pour une durée de six mois, les habitants bénéficient des services d'une start-up bretonne proposant des consultations médicales par téléphone.
Avant cela, en octobre, la commune avait participé à une opération lancée par l'Agence régionale de santé (ARS) baptisée "Généraliste dating". Organisée à la faculté de médecine de Brest, elle visait à mettre en relation les futurs généralistes et les communes en manque de médecins.
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