M. Trump a reçu vendredi plusieurs responsables républicains de la Chambre des représentants pour évoquer le destin du projet d'abrogation d'"Obamacare", la loi de 2010 signée par son prédécesseur à la Maison Blanche.
"Nous devons agir maintenant pour protéger les Américains de l'explosion du désastre Obamacare", a-t-il déclaré. "C'est le moment, nous travaillons tous ensemble".
Toute la semaine, le chef de l'Etat américain a rencontré des parlementaires républicains, alliés modérés et opposants conservateurs au texte débattu depuis cette semaine à la Chambre. Les conservateurs espèrent encore convaincre le président de tirer vers la droite la législation de remplacement.
"Il est à l'écoute", a dit son porte-parole, Sean Spicer, en admettant que le texte original pourrait évoluer au fur et à mesure des amendements au Congrès.
Donald Trump souhaite d'une part abroger la loi emblématique du mandat de Barack Obama, désengager l'Etat fédéral et déréguler le marché de l'assurance-santé, et d'autre part maintenir le haut niveau de couverture parmi les Américains qu'a permis d'atteindre Obamacare.
Pour Paul Ryan, président de la Chambre et inspirateur de la réforme, l'équilibre trouvé est le bon puisqu'il prévoit plusieurs dispositifs d'assistance financière aux ménages, tout en abrogeant des taxes et subventions. Mais le président républicain complique son travail en laissant entendre que le texte pouvait encore évoluer.
"Nous n'aurons jamais d'occasion comme celle-ci", a martelé Paul Ryan, charismatique quadragénaire, lors d'une présentation Powerpoint à la presse jeudi. "C'est vraiment un choix binaire" pour les élus, a-t-il martelé.
Impact inconnu
Mais un groupe d'élus descendants du Tea Party, réfractaires à l'idée de créer un "Obamacare light", fait la comparaison avec le passage en force de la loi de 2010 par la majorité démocrate d'alors.
De l'autre côté, des voix républicaines modérées estiment qu'il faut ralentir le jeu. L'ex-candidat aux primaires présidentielles John Kasich, gouverneur de l'Ohio, a averti des risques inhérents à l'adoption d'une loi aussi importante de façon partisane.
"Une réforme véritable et durable du système d'assurance santé doit se faire sur un terrain commun aux deux camps", a-t-il écrit dans une tribune dans le New York Times.
Les chefs républicains en appellent pourtant de facto à une discipline de parti pour faire adopter leur texte avant le 8 avril.
L'opposition n'est pas que politique.
De nombreux groupes d'intérêts organisent la mobilisation, craignant que des millions de personnes ne puissent plus avoir les moyens de s'assurer, dans un pays où l'assurance maladie publique ne couvre que les plus de 65 ans et certaines catégories vulnérables.
La grande association de médecins American Medical Association (AMA) a sonné l'alarme. Les crédits d'impôts prévus par la nouvelle loi devraient baisser de façon significative, surtout pour les petits revenus, selon la Kaiser Family Foundation.
Le rétrécissement prévu du programme Medicaid en 2020, qui a permis d'assurer des millions de travailleurs pauvres, inquiète particulièrement, car c'est grâce à une version améliorée de Medicaid qu'Obamacare a couvert le plus de personnes.
Il faudra attendre la semaine prochaine pour que l'arbitre budgétaire du Congrès publie son estimation du coût du plan républicain, et du nombre de personnes qui gagneraient ou perdraient une couverture maladie.
Obamacare avait permis d'assurer plus de 20 millions de personnes qui vivaient auparavant sans assurance, faisant chuter le taux de non-couverture de 16 à 9% de la population entre 2010 et 2016.
"J'ai dit à mes parlementaires de se préparer", a dit vendredi Paul Ryan dans l'émission de radio du présentateur Hugh Hewitt. "Notre but n'a jamais été d'avoir une jolie loi qui accumule les obligations pour les Américains. Notre but est de créer un système de santé dynamique, centré sur les patients, qui fait baisser les coûts et donne plus de choix".
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