La fuite du mystérieux et invisible chef de l'EI symbolise la pression que subit l'EI, qui perd chaque jour du terrain à Mossoul, son dernier grand fief en Irak.
Baghdadi "a probablement quitté Mossoul avant que Mossoul et Tal Afar ne soient isolées par les forces irakiennes", a indiqué un responsable américain, en référence à un autre bastion de l'EI à l'ouest.
Le chef de l'EI "n'exerce probablement aucune influence tactique sur la manière dont la bataille est menée" contre les forces irakiennes à Mossoul. "Il a probablement donné de grandes orientations stratégiques" à ses chefs militaires sur place et les a laissés mener le combat, a ajouté le responsable à Washington.
Baghdadi avait fait de Mossoul sa principale base. Il y avait fait sa seule apparition publique en juillet 2014, y proclamant un "califat" sur les territoires conquis par l'EI en Irak et Syrie.
Il est aujourd'hui traqué par le commandement américain des forces spéciales (Socom) et les agences de renseignement américaines, comme l'avait été avant lui le chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden avant sa mort le 2 mai 2011 au Pakistan.
Selon le même responsable américain, l'EI prévoit de se replier sur la vallée de l'Euphrate, dans l'est de la Syrie et l'ouest de l'Irak. "Ils font des plans pour continuer à fonctionner comme un pseudo-Etat centré sur la vallée de l'Euphrate" après la perte attendue de Mossoul et de Raqa en Syrie.
'Boucliers humains'
A Mossoul, les forces irakiennes consolidaient jeudi leurs gains des derniers jours dans le cadre de l'offensive lancée le 19 février pour reprendre la partie ouest de Mossoul après celle de l'est fin janvier.
Les troupes "traquent les snipers" et "ratissent les quartiers reconquis pour désamorcer" les bombes laissées par les jihadistes dans les rues, les maisons ou les commerces, a indiqué à l'AFP le colonel Abdel Amir al-Mohammedawi, des Forces d'action rapide.
Les forces sont désormais aux portes de la vieille ville, un quartier densément construit et peuplé où les combats s'annoncent ardus.
"Pour l'instant, le commandement n'a pas donné l'ordre d'avancer vers la vieille ville", a précisé le colonel.
Au nord-ouest de Mossoul, les soldats ont également repris mercredi la prison de Badouch, tristement célèbre parce que les jihadistes y avaient exécuté 600 détenus en 2014, principalement des chiites. Des centaines de femmes de la minorité religieuse yézidie y avaient été également détenues, selon des témoignages.
Les organisations humanitaires craignent pour les centaines de milliers de personnes toujours présentes à Mossoul-ouest, qui manquent de nourriture et de soins.
Quelque 50.000 habitants ont réussi à quitter ces quartiers pour être accueillis dans des camps de déplacés, a indiqué en début de semaine l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
A Mossoul, "on était des boucliers humains" aux mains de l'EI, a expliqué Abdel Razak Ahmed, un fonctionnaire de 25 ans, ayant réussi à fuir. "La vie était difficile, on avait faim, on ne mangeait que du pain et du tahiné" (crème de sésame), selon un autre déplacé.
Renforts américains en Syrie
La pression s'accroit aussi sur les jihadistes dans le nord de la Syrie voisine. Notamment de la part des Etats-Unis, qui ont annoncé mercredi un renforcement de leurs moyens sur le terrain.
Ils ont ainsi déployé une batterie d'artillerie des Marines avec des canons de 155 mm pour appuyer l'offensive menée actuellement par une alliance de groupes arabo-kurdes sur Raqa.
Les quelque 500 militaires américains sur place pourraient être renforcés par des forces spéciales supplémentaires, selon la presse américaine.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a rapporté que 14 civils, dont six enfants, avaient été tués jeudi dans un village du nord de la Syrie touché par des raids présumés de la coalition internationale menée par les Etats-Unis.
Ce village, Al-Matab, est situé près d'une route stratégique reliant Raqa à la ville de Deir Ezzor, capitale de la province voisine, qui a été coupée lundi par les combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde soutenue par Washington.
Selon le même responsable américain, les jihadistes ont perdu "65% du terrain" qu'ils contrôlaient à leur expansion maximum en 2014 en Syrie et Irak. Au total, "près de la moitié des combattants" dont disposait l'EI à son apogée ont été tués, selon lui.
Le Pentagone estime que le groupe ultraradical compte désormais au maximum 15.000 hommes.
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