"Le candidat qui se rapproche le plus de mes convictions de socialiste, réformiste, Européen, réaliste, c'est Emmanuel Macron", a dit M. Delanoë sur France Inter mercredi. L'ancien édile, comme d'autres ténors de son parti, ne se retrouve pas dans le projet "dangereux" de M. Hamon, qui ne serait "pas en mesure de produire du progrès social".
Les proches de M. Hamon ont sévèrement accueilli le soutien de M. Delanoë, Aurélie Filippetti dénonçant ainsi une "trahison" du vote de la primaire. Le candidat a souligné sur LCP que si "l'ancien maire de Paris soutient Emmanuel Macron, (...) l'actuelle maire de Paris Anne Hidalgo, soutient Benoît Hamon".
Pour le candidat socialiste à la présidentielle, qui peine à trouver une dynamique depuis plusieurs semaines, c'est un coup de poignard de plus. La veille, il avait déjà dû faire face aux interrogations du président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone. "Dans l'état actuel des choses, j'ai du mal à (me) reconnaître" dans la campagne de Benoît Hamon, avait-il confié au Monde.
Même défiance au sein du gouvernement. "On a besoin de preuves d'amour !", a lancé dimanche dans le JDD le ministre de la Ville Patrick Kanner, qui n'a guère apprécié les attaques du député des Yvelines sur le "rendez-vous manqué" entre François Hollande et les banlieues.
En privé, nombreux sont les ministres qui font part de "leurs doutes". "La question du vote utile est posée", confie un poids lourd du gouvernement, inquiet d'un éventuel second tour opposant Marine Le Pen à François Fillon, donné à ce stade en troisième position derrière M. Macron dans plusieurs sondages.
La rumeur du ralliement du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian est plus que jamais dans l'air. "C'est le ministre le plus important, celui qu'Emmanuel Macron travaille le plus", confie une source au sein d'En marche!.
A droite, plusieurs responsables y voient une preuve supplémentaire de l'orientation à gauche de M. Macron. "Je vois bien qu'il va y avoir un recyclage des caciques socialistes chez Macron et que tout ça fait dériver son projet vers une gauche socialiste", raille ainsi l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.
'Oiseaux migrateurs'
L'entourage d'un ministre hollandais appelle toutefois les socialistes à ne pas se précipiter. "La campagne n'a pas vraiment commencé. Les Français ne sont pas encore décidés. Les choses ne sont pas encore cristallisées, ce serait une faute de dire que tout est plié", explique cette source, qui critique par ailleurs plusieurs points du programme de M. Macron: baisse du nombre de fonctionnaires, renoncement à la réforme des rythmes scolaires, réforme de la taxe d'habitation...
Attendre et voir: c'est aussi le message qu'a passé mardi le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis. "Je dis à tout le monde: +gardez votre sang-froid+. Il faut prendre le temps que la campagne s'installe", a-t-il déclaré sur le plateau de l'Epreuve de vérité (Public Sénat/Les Echos/Radio classique/AFP), se gardant bien de prononcer des anathèmes contre les soutiens de M. Macron.
En meeting mardi à Marseille, Benoît Hamon a mis toutes ses forces dans la bataille pour tenter de décourager les socialistes de céder aux sirènes de l'ancien ministre de l'Economie, dont le positionnement est de plus en plus selon lui celui d'une "droite classique".
Le projet d'Emmanuel Macron, "ça n'est pas le vote utile contre le Front national. C'est au contraire le projet qui en France comme ailleurs peut accélérer la montée en puissance du Front national", a-t-il fustigé, en dénonçant un programme qui manque du "plus élémentaire sens de la justice sociale" s'agissant des retraites.
Rendant hommage à l'action de plusieurs de ses anciennes collègues ministres -Marisol Touraine, Ségolène Royal, Michèle Delaunay, Christiane Taubira notamment-, M. Hamon a égratigné ceux que tente l'aventure Macron: "J'observe que les oiseaux migrateurs sont en train d'aller se faire une place au chaud. Quel courage !", a-t-il ironisé.
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