"Alors qu'on pourrait penser qu'un traitement indiciaire favorise l'égalité de rémunération, ce n'est pas du tout le cas", dit à l'AFP la députée PS des Yvelines Françoise Descamps-Crosnier, qui a remis mercredi au Premier ministre un rapport sur le sujet, assorti d'une cinquantaine de recommandations.
Entre fonctionnaires hommes et femmes, l'écart de rémunération va de 6,6% dans la fonction publique hospitalière (FPH) à 22,7% dans la fonction publique d'Etat (FPE), selon ce document, dont la publication coïncide avec la journée internationale des droits des femmes, et qui s'appuie sur plusieurs études, auditions d'agents et questionnaires administrés en ligne.
Une fois enlevé le facteur +temps de travail+, en particulier les temps partiels, cet écart reste de 11% à quasiment 20%, sauf pour la FPH, et il croît avec l'âge.
Côté salaire brut, le "manque à gagner" pour les femmes, lié notamment aux différences d'emploi occupé et d'ancienneté, est de "4.000 euros par an en catégorie C, de 5.400 euros en catégorie B et de 11.400 euros en catégorie A, soit respectivement plus de deux mois de traitement pour les catégories C et B (les plus modestes) et quatre mois pour les catégories A".
"Les filières les plus féminisées ont une évolution très réduite et les rémunérations les plus basses. Les filières les plus masculines sont les mieux dotées à la fois sur le plan indiciaire et sur la durée de carrière", résume Mme Descamps-Crosnier.
"Dans la FPE, la ségrégation professionnelle (inégale répartition des métiers, ndlr) représente le déterminant majeur des inégalités" et "53,9% de l'écart de rémunération entre les femmes et les hommes (76,5% si on exclut les enseignants), loin devant les différences en termes de temps de travail ou les différences d'âge et de localisation" géographique, indique le rapport.
Primes, présentéisme, réseaux
Dans la fonction publique territoriale (FPT), les filières essentiellement féminines (24.600 auxiliaires de puériculture dont 99,5% de femmes; 47.000 assistants en maternelles dont 99,7% de femmes) n'ont pas de possibilité de promotion interne, contrairement à la filière technique, très masculine. Les primes accentuent les inégalités de rémunération hommes/femmes pour les catégories C, avec une différence de 14,45%.
Dans la FPH au contraire, la filière soins, très féminisée, est mieux rémunérée que la filière ouvrière mais l'âge joue en la défaveur des femmes, comme l'offre de travail ou la localisation des postes. Le déroulement de carrière y est aussi plus contraignant.
Dans la fonction publique comme ailleurs, les femmes accèdent moins que les hommes aux emplois très supérieurs: alors qu'elles représentent 52% des fonctionnaires de la FPE, 60% dans la FPT et 77% dans la FPH selon l'Insee, seules 8% d'entre elles en moyenne sont cadres (contre 25% d'hommes) et 22% occupent des fonctions dirigeantes.
Bien que plus diplômées, elles intègrent difficilement les filières les plus rémunératrices. Le congé parental, qui demeure pénalisant sur le plan de l'ancienneté, principal critère d'avancement, l'explique en partie.
Plus étonnant, les "méthodes de management sont discriminantes pour les femmes", affirme le rapport, car elles favorisent le "présentéisme": rester tard au travail - 20h00 et au-delà - est considéré comme normal, alors que cela pénalise les femmes qui se consacrent généralement à leur famille plus tôt en soirée.
Dans la quasi-totalité des pays comparables, la présence excessive au bureau est pourtant mal perçue car elle traduit un manque d'organisation et donc d'efficacité.
Côté "réseaux", dans la fonction publique, les femmes commencent à peine à les mettre en place, tandis que les hommes les utilisent depuis longtemps, notamment dans la haute fonction publique, et ont plus le temps de les entretenir, ce qui leur permet souvent de "connaître à l'avance" et d'obtenir des postes à responsabilité, dénonce le rapport.
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