Le bureau est neuf, propre et soigneusement rangé. Alors forcément, la pile de tracts, de programmes et de demandes de parrainages fait un peu tâche dans le paysage. "Et encore, je ne les ai pas toutes imprimées", précise Étienne Hébert, le maire du Val-de-la-Haye (Seine-Maritime). Comme lui, tous les maires de Normandie et de France sont sous le feu des projecteurs alors que les candidats à l'élection présidentielle ont jusqu'au vendredi 17 mars 2017 pour récolter leurs 500 parrainages d'élus locaux.
Si tous les candidats ont entamé le sprint final, cette course aux signatures a demandé de l'endurance à certains partis et mouvements. "Ça fait plus de deux ans que nous sommes sur le terrain, explique Jean-Christophe Loutre, délégué régional Normandie de l'UPR, le parti de François Asselineau. C'est ce qu'il faut pour qu'un petit parti comme le nôtre puisse participer à cette élection."
"Certains m'appellent jusque chez moi"
Évidemment, la donne n'est pas la même pour les grands partis historiques ou ceux qui arrivent en tête dans les sondages. Le Parti socialiste et les Républicains avaient ainsi dès le départ la quasi-certitude d'obtenir leurs 500 signatures. Au point qu'un membre des Républicains avoue à demi-mot que la course aux parrainages dans son parti s'est limitée à une lettre signée de la main de François Fillon envoyée à tous les maires de France.
Cette technique de la lettre est utilisée par tous les candidats, des grands partis jusqu'aux plus méconnus du grand public. Le but? Créer un contact pour obtenir un rendez-vous afin de mieux convaincre. "Il y en a aussi qui m'appellent directement sur mon numéro personnel jusque chez moi", note Étienne Hébert. "Nous avons six personnes chargées depuis plusieurs semaines de contacter tous les maires sans étiquette du département", confirme Damien Adam, le référent départemental du mouvement En Marche!
Selon lui, la marge de manoeuvre est assez faible: "Soit la personne est déjà convaincue, soit elle ne le sera pas. Notre but est de rassembler les convaincus." Une vision que ne partage pas son homologue de l'UPR. "Un parrainage ne vaut pas adhésion à un parti et ne veut pas forcément dire qu'on accorde du crédit aux idées. Mais on peut parrainer quelqu'un pour lui permettre de faire entendre ses idées." C'est le genre d'arguments auxquels Étienne Hébert est sensible. "Sans étiquette ne veut pas dire sans idées! Je rappelle que si je parraine quelqu'un, ça ne veut pas forcément dire que je mettrais ce bulletin dans l'urne à l'élection."
Les parrainages sur la place publique
Encore faut-il que toutes les promesses de parrainages aboutissent. Car c'est l'une des nouveautés de cette année: c'est aux maires d'envoyer par eux-mêmes leurs signatures au Conseil constitutionnel, qui comptabilise et valide les parrainages. "Ce ne sont que des promesses, il faut faire en sorte de les convertir", confie Guillaume Pennelle, le secrétaire départemental du Front national.
L'autre nouveauté majeure, c'est que les parrainages sont désormais publics et téléchargeables par tout le monde sur le site Internet du Conseil constitutionnel. "Pour des maires de petites communes de 100 ou 150 habitants, ce n'est pas facile de voir leurs noms affichés", ajoute Guillaume Pennelle. "Le fait qu'on en fasse de la publicité nous gêne énormément", abonde Jean-Christophe Loutre.
Pour autant, malgré une petite tentative de pression, Étienne Hébert préfère prendre son temps sur ce dossier. "J'en ai parlé avec mon conseil, ils m'ont donné carte blanche pour parrainer quelqu'un", confie le premier édile de cette commune de quelque 700 habitants. Mais il ne veut surtout pas se précipiter. "Avec tout ce qui se passe, on ne sait jamais qui va encore sortir du chapeau!"
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Je suis d'accord avec mon maire, pas de précipitation, il a encore une semaine devant lui, la campagne étant mouvementée !