Selon la presse américaine, Barack Obama en quittant la Maison Blanche avait prévenu son successeur que les menaces de Pyongyang seraient probablement les plus urgentes auxquelles il aurait à faire face.
Et Pyongyang s'est empressée de lui donner raison lundi en tirant une salve de missiles balistiques en direction du Japon, pour, selon les mots mêmes du régime, s'entraîner à frapper les bases américaines dans l'archipel.
Même si les missiles tirés lundi ne révèlent pas de nouveaux progrès technologiques des Nord-Coréens, cette nouvelle démonstration de force oblige l'administration américaine à apporter une réponse.
Donald Trump, qui aime mettre en avant ses généraux, pourrait être tenté d'envisager une épreuve de force militaire avec Pyongyang.
En décembre, alors que l'administration Obama était encore au pouvoir, un responsable de la Défense avait déjà indiqué que les hauts gradés américains accentuaient leurs réflexions sur les scénarios militaires imaginables dans la péninsule.
"Nous marchons sur un fil très étroit, avec peu de moyens de pression et peu de marge de manoeuvre en terme de négociations. Et donc, comme vous pouvez l'imaginer, nous préparons des plans d'urgence adaptés", avait confié ce responsable.
Mais dans une péninsule coréenne qui est la zone la plus militarisée du monde, avec une capitale (Séoul) à moins de 40 kilomètres de la frontière, les risques d'un conflit militaire sont énormes.
L'option d'une offensive militaire contre Pyongyang ne peut être retenue, "cela veut dire une guerre nucléaire", explique l'expert en désarmement Jeffrey Lewis, animateur du blog spécialisé "arms control wonk".
Pyongyang a montré ses capacité atomiques en procédant au total à cinq essais nucléaires souterrains.
Protéger ses alliés
A défaut d'utiliser la force, l'administration Trump pourrait chercher à développer les défenses antimissile pour mieux protéger ses alliés asiatiques et le continent américain.
Elle pourrait ainsi chercher à encourager le développement de nouvelles batteries antimissile THAAD, du type de celles qu'elle a commencé à déployer mardi par exemple en Corée du Sud, malgré les protestations de la Chine.
Une seule batterie THAAD "n'est pas suffisante pour défendre" toute la Corée du Sud, explique ainsi l'expert en défense antimissile Thomas Karako, du groupe de réflexion CSIS à Washington, qui estime qu'il en faut plusieurs pour parvenir à une bonne couverture du territoire sud-coréen.
Le Japon aussi a montré son intérêt pour le déploiement de défenses antimissile THAAD et Aegis, un autre système concerne les missiles à plus longue portée.
Donald Trump a également déjà affiché sa volonté de continuer à muscler les défenses antimissile protégeant le territoire américain de missiles balistiques intercontinentaux.
"Les Etats-Unis disposent de 36 missiles intercepteurs de missiles" basés en Alaska et en Californie, et ils peuvent chercher à augmenter leur nombre "et à augmenter leur fiabilité", estime Thomas Karako.
Les Etats-Unis tenteront certainement de poursuivre également leurs cyberattaques contre le programme de missiles nord-coréen, évoquées samedi dernier par le New York Times.
Mais leur efficacité ne semble pas avoir été vraiment prouvée face à une industrie nord-coréenne très rustique et qui utilise peu de composants étrangers.
- Défaillances mécaniques -
Les échecs récents des missiles nord-coréens semblent plus dus à des "défaillances mécaniques" qu'à des problèmes d'électronique, a estimé mardi John Schilling, un expert en missiles du groupe américain Aerospace.
Pour Jeffrey Lewis, la seule manière de réduire substantiellement la menace nord-coréenne sera une négociation amenant le régime à accepter volontairement de limiter ses ambitions, sur le modèle de l'accord international sur le nucléaire iranien.
"C'est bien d'avoir de la défense antimissile et des sanctions, mais leur plus grande valeur, c'est qu'elles peuvent servir de monnaie d'échange dans le cadre d'une négociation" avec Pyongyang, souligne-t-il.
Pour Michael O'Hanlon, expert au groupe de réflexion Brookings Institute à Washington, il est peut-être temps d'essayer de réanimer les discussions à 6 (les deux Corées, Japon, Russie, Chine, Etats-Unis) qui avaient un temps permis d'avancer, il y a une dizaine d'années.
Il s'agirait d'obtenir un "gel" des programmes nucléaires et de missile, en échange d'une "réduction" des sanctions internationales, a-t-il expliqué.
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson se rendra au Japon, en Corée du Sud et en Chine du 15 au 19 mars.
"Les Etats-Unis consultent activement leurs alliés et partenaires dans la région pour faire face à la menace" posée par les missiles coréens, a déclaré mardi le porte-parole du département d'Etat Mark Toner.
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