"Rendez-vous au tribunal": la puissante association américaine de défense des droits civiques ACLU a rapidement marqué le ton après la publication lundi du nouveau décret sur la "protection de la nation contre l'entrée de terroristes étrangers aux Etats Unis".
Le nouveau texte, qui entrera en vigueur le 16 mars, est clarifié par rapport au décret qui avait provoqué une onde de choc, et de confusion, dans le monde à sa publication le 27 janvier.
L'Irak, allié des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique, sort de la liste des pays visés par une suspension de trois mois de tout octroi de visa. En restent six - l'Iran, la Libye, la Syrie, la Somalie, le Soudan, le Yémen - dont la situation actuelle n'offre pas selon l'administration Trump la possibilité de vérifier correctement les antécédents des voyageurs.
Les résidents permanents et passagers déjà munis de visas valides seront autorisés à voyager, ce qui devrait éviter les scènes de panique rencontrées fin janvier dans les aéroports, lorsque familles et amis angoissés attendaient leurs proches bloqués. Les Syriens ne sont plus visés par une suspension indéterminée de toute demande de statut de réfugiés, tombant désormais sous le coup du même gel de 120 jours que le reste du monde. Et la préférence accordée aux minorités religieuses a disparu.
De quoi éviter les accusations d'un décret stigmatisant les musulmans, assurent ses soutiens. Chez les républicains, le sénateur Lindsey Graham en est convaincu: le texte "passera tout obstacle juridique parce qu'il a été rédigé de façon à ne pas être une interdiction religieuse mais une interdiction visant des individus venant de gouvernements compromis et d'Etat déficients."
"En tant que président, j'ai fait la promesse solennelle de protéger les Etats-Unis", a souligné Donald Trump dans un email appelant ses supporteurs à soutenir le décret, publié mardi par le Washington Post. Ce décret "est une mesure vitale pour renforcer notre sécurité nationale", avait martelé plus tôt le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson.
'Toujours une erreur'
Ses opposants ne sont pas convaincus.
Ce nouveau décret "est aussi discriminatoire" que le premier, a ainsi asséné le maire démocrate Bill de Blasio.
Derrière l'un des blocages les plus retentissants du premier texte, le ministre de la Justice de l'Etat de Washington, Bob Ferguson, a reconnu plusieurs grandes "capitulations" dans sa nouvelle mouture. Mais il a dit être en plein examen du nouveau décret et de son impact potentiel sur son Etat du nord-ouest américain où de grands groupes employant beaucoup d'étrangers, comme Amazon, sont basés.
C'est d'ailleurs aussi en brandissant l'argument des dégâts économiques potentiels, en plus des justifications humanitaires et anti-discrimination, que ses opposants avaient demandé à la justice de bloquer le premier décret. Or les géants de la technologie ne semblent toujours pas séduits.
"Interdire à des gens d'entrer dans notre pays à cause de leur origine était une erreur la première fois - c'est toujours une erreur...", a écrit sur Twitter le co-fondateur d'Airbnb, Brian Chesky. Tandis que chez Uber, le "sentiment n'a pas changé: l'interdiction de voyager du président Trump est injuste et mauvaise".
Avocate, Camille Mackler avait accouru à l'aéroport JFK de New York, comme des centaines d'autres à travers les Etats-Unis, pour assister gratuitement les voyageurs désemparés dans la confusion des premières heures après la signature du décret fin janvier.
Cette fois, l'ONG de défense des immigrés pour laquelle elle travaille, New York Immigration Coalition, n'a pas encore reçu d'appels paniqués mais elle se rendra de nouveau à l'aéroport pour son entrée en vigueur, le 16 mars. Et dénonce le nouveau texte comme un autre "décret anti-musulmans dissimulé". Ce texte "ne tombe pas dans le vide", dénonce-t-elle. "Il arrive dans le contexte de commentaires faits avant et depuis l'élection et de cette sorte de guerre plus large contre les immigrants que mène l'administration Trump".
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