"L'Europe peut se relancer par la défense", a assuré le chef de l'Etat français dans une interview accordée à six quotidiens européens avant ce sommet qui réunira autour de lui la chancelière allemande Angela Merkel ainsi que les chefs de gouvernement italien et espagnol, Paolo Gentiloni et Mariano Rajoy.
Pour François Hollande, la situation géopolitique créée par l'élection de Donald Trump, qui a multiplié les déclarations de défiance à l'égard de l'Union européenne comme de l'Otan, et les ambitions de la Russie, qui entend "s'affirmer comme une puissance", l'exige.
Ce vaste projet se heurte toutefois aux nombreuses incertitudes qui pèsent sur l'Europe avec des élections générales en France, plongée dans une profonde crise politique, mais aussi aux Pays-Bas à la mi-mars ou en Allemagne à l'automne.
Concrètement, il s'agirait de bâtir une "coopération structurée" réunissant les Etats membres de l'UE "qui veulent aller beaucoup plus loin" sur la défense.
La Grande-Bretagne, deuxième puissance militaire européenne derrière la France, y serait "associée" en dépit de sa sortie de l'Union européenne, entretenant avec Paris "des relations fortes en matière de défense, y compris dans le domaine, stratégique, de la dissuasion nucléaire".
Pour François Hollande, la "méconnaissance de ce qu'est l'UE" manifestée par le président américain, "oblige" précisément l'Europe "à lui démontrer sa cohésion politique, son poids économique et son autonomie stratégique".
La défense serait ainsi le nouveau moteur d'une Europe à plusieurs vitesses alors que l'UE doit reformuler son projet politique à l'occasion d'un sommet qui se réunira le 25 mars à Rome pour célébrer les 60 ans du traité de Rome.
'Dislocation'
Il s'agit du moins du scénario privilégié par Paris et Berlin parmi les cinq esquissés par le président de la Commission Jean-Claude Juncker, du simple marché unique à une intégration renforcée.
Autour d'un "pacte commun, un marché intérieur avec, pour certains, une monnaie unique", a détaillé François Hollande, les "Etats membres qui le souhaiteraient pourraient "aller plus loin" non seulement en matière de défense mais aussi d'harmonisation fiscale ou sociale, de recherche, de culture ou de jeunesse.
Une manière de surmonter les réticences, notamment des nouveaux venus de l'Est.
"Il y aura une Union européenne à différentes vitesses, tous ne vont pas participer à chaque fois à toutes les étapes de l'intégration", a abondé la chancelière allemande Angela Merkel le 3 février à Malte.
Quoi qu'il en soit, Français et Allemands estiment urgent d'agir pour relancer une Europe dans la tourmente après une série de secousses, de la crise de l'euro à celle des réfugiés, ponctuées par le Brexit et les propos incendiaires de Donald Trump.
"Sans un nouvel esprit européen, l'UE sombrera dans la dilution et à terme dans la dislocation", a renchéri François Hollande lundi dans la presse européenne.
L'Italie, qui travaille sur la feuille de route du sommet de Rome, tout comme les pays du Benelux se sont aussi ralliés à cette idée, inquiets de la montée en puissance des partis antieuropéens.
Dans une récente interview à l'AFP, Mariano Rajoy s'est dit pour sa part "partisan d'une union fiscale et d'un marché unique de l'énergie, d'un marché unique du numérique".
Pour ne froisser personne et éviter d'apparaître en "prescripteurs", les dirigeants des quatre pays les plus peuplés d'Europe devraient toutefois se garder de toute annonce concrète lundi à Versailles.
Ils retrouveront dès jeudi leurs homologues européens pour un nouveau sommet à Bruxelles dont l'un des points doit être l'éventuelle reconduction de l'ancien premier ministre polonais libéral Donald Tusk à la tête du Conseil européen.
Paris y est favorable alors que le parti conservateur nationaliste au pouvoir en Pologne s'y oppose.
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