Quelques heures après avoir réuni des dizaines de milliers de personnes place du Trocadéro, le candidat de la droite à la présidentielle s'est voulu très clair dimanche soir sur France 2: "non", il ne retira pas sa candidature et il est le "seul à pouvoir décider" d'un quelconque retrait.
Accusé d'être bunkerisé et de ne plus écouter personne, il a répété à plusieurs reprises qu'il n'était "pas autiste".
A peine le JT terminé, Alain Juppé, qu'une partie de la droite presse de prendre la place de M. Fillon, a réagi sur Twitter en annonçant une déclaration à la presse pour lundi 10H30 depuis sa mairie de Bordeaux. Que va-t-il faire ? Tout laisser tomber ou finalement se lancer malgré le maintien du vainqueur de la primaire? Mystère.
"Il faut que Juppé calme ses troupes", a plaidé la filloniste Annie Genevard. "Juppé va dire que les conditions ne sont pas réunies et c'en sera fini du plan B", se désole un élu LR. "Juppé va renoncer", prédit lui aussi un ex-ministre.
Lui-même interrogé sur une candidature alternative de M. Juppé, qu'il a sèchement battu fin novembre, François Fillon a lâché : "Si les électeurs de la droite et du centre avaient voulu Alain Juppé, ils auraient voté pour Alain Juppé".
"Le plan B, qui c'est ? Juppé ? Il génère beaucoup d'anticorps à droite. Il y a des pressions également de la part de Juppé. Il menace de claquer la porte si ça ne bouge pas d'ici mardi", glissait dimanche après-midi un ex-ministre LR à l'AFP.
Samedi soir, Alain Juppé et l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy se sont entretenus au téléphone pour essayer d'avancer dans une crise qui ébranle la droite.
Un comité politique de LR -avec M. Fillon mais peut-être sans M. Juppé s'il reste à Bordeaux- est également prévu à Paris lundi en fin d'après-midi.
Mauvais sondage pour Fillon
Dimanche soir, juste avant l'intervention télévisée du candidat, Christian Estrosi avait indiqué vouloir, avec Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, rencontrer M. Fillon le lendemain pour le convaincre d'une "sortie respectueuse".
"C'est pas le parti qui va décider (...) Naturellement, je parle avec tous ceux qui veulent parler avec moi mais c'est pas des présidents de région ou c'est pas des anciens candidats à la primaire qui vont prendre la décision à ma place. Je suis le seul à pouvoir le faire. Je le ferai en cherchant à chaque instant l'intérêt général", leur a adressé une fin de non-recevoir le député de Paris.
Lâché par plus de 300 élus LR et son directeur de cabinet, Patrick Stéfanini, pourtant homme des missions difficiles, le candidat de la droite tient tête. Il proposera "dans les prochains jours" une équipe qui, promet-il, montrera qu'il est "capable de rassembler".
Aux "200.000" supporters annoncés par les fillonistes, la police oppose une jauge de 40.000 personnes place du Trocadéro.
Reconnaissant sa "part de responsabilité" dans l'"épreuve" qu'il traverse, François Fillon s'est adressé aux héritiers de "la France des paysans, la France des cathédrales, des châteaux et des sans-culottes".
"Avec Fillon, la droite explose, les gens vont chez Macron ou chez Marine Le Pen", se désespérait un député partisan d'un retour de Juppé en fin de semaine, ajoutant: "La moins mauvaise solution, c'est le recours Juppé".
"Légalement, personne ne peut l'arrêter mais il peut y avoir une convergence de pressions pour le débrancher", notait Jean-François Lamour, ancien ministre pro-Fillon auprès de l'AFP. "Nous avons maintenant à droite une épreuve de vérité qui va se régler entre maintenant et la fin de la semaine", pronostiquait de son côté dimanche Gérard Longuet.
Les sondages pourraient peser: un sondage Sofres publié dimanche soir donnait Alain Juppé, avec 24,5% des voix, qualifié au second tour en cas de candidature. M. Fillon, en chute libre à 17%, serait largement distancé par Emmanuel Macron.
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