La banque de Francfort (ouest de l'Allemagne) va émettre début avril près de 690 millions d'actions nouvelles, auxquelles pourront souscrire les actionnaires actuels, en vue de lever environ 8 milliards d'euros, a-t-elle annoncé dimanche dans un communiqué.
Cette mesure n'est pas vraiment une surprise, la banque avait déjà dévoilé en partie ses intentions vendredi. Elle n'en constitue pas moins une rupture par rapport à la ligne adoptée par son patron John Cryan, qui jugeait jusqu'à récemment qu'une augmentation de capital n'était pas nécessaire.
Ces fonds "vont nous aider à réduire une source d'incertitude et réduire nos coûts de refinancement", ainsi que "renforcer substantiellement notre force financière", a souligné dimanche M. Cryan lors d'une téléconférence de presse.
La banque, engagée de longue date dans une vaste restructuration, a par ailleurs annoncé la mise en bourse "dans les 24 mois" d'une part minoritaire de sa division de gestion d'actifs, dont la valeur est estimée par les analystes à environ 8 milliards d'euros.
A l'inverse, le réseau de détail Postbank, que Deutsche Bank a cherché sans succès à céder depuis 2015, restera finalement dans le giron du groupe et sera progressivement intégré.
Conjuguées à de futures cessions d'actifs, ces mesures doivent permettre de lever d'ici 2019 jusqu'à deux milliards d'euros de capital supplémentaire.
Nouvelle structure
Pendant longtemps Deutsche Bank a voulu faire jeu égal avec les géants anglosaxons du secteur. Cette stratégie, qui a conduit la banque à se lancer à corps perdu dans les activités de marché, a aussi été l'origine de nombre de scandales.
Les décisions de dimanche visent à "renforcer l'implantation de la banque sur son marché domestique et sa position de banque d'excellence européenne avec une portée mondiale", a fait savoir Deutsche Bank.
En outre, "le fait de garder Postbank crée un champion de marché incontesté avec plus de 20 millions de clients. (...) Cela nous donne la taille et l'échelle dans un secteur en consolidation et améliore notre avantage compétitif, notamment sur le marché de détail", a souligné M. Cryan.
Ce faisant, la banque veut restructurer ses activités autour de trois grands poles, à savoir la banque de détail et la gestion de patrimoine, la gestion d'actifs et la banque d'investissements.
Deutsche Bank entend ainsi réduire sa base de coûts de 24 milliards en 2016 à 22 milliards en 2018 puis 21 milliards en 2021, tout en renforçant ses fonds propres.
Poids des amendes
Comme ses rivales en Europe, Deutsche Bank souffre d'une concurrence accrue au sein du secteur, d'un durcissement de la réglementation bancaire, qui oblige les établissements de crédit à renforcer leurs fonds propres, et d'un environnement de taux d'intérêts très bas qui complique la tâche de faire fructifier les dépôts des clients.
La banque a encore accusé une perte nette de 1,4 milliard d'euros l'an passé, après presque 7 milliards en 2015.
A ses difficultés externes, s'ajoutent des problèmes internes. Depuis son arrivée à la tête du groupe, à l'été 2015, le Britannique John Cryan a mené au pas de charge une vaste restructuration qui passe par 9.000 suppressions de postes dans le monde et la fermeture de nombreuses agences en Allemagne.
Problème, le nom du groupe est cité dans près de 8.000 affaires judiciaires dans le monde, qui se traduisent parfois par de très lourdes amendes, obligeant Deutsche Bank a passer trimestre après trimestre de gigantesques provisions et ralentissant ses efforts pour solder les errements du passé.
Fin 2016, la banque a notamment accepté de verser jusqu'à 7 milliards de dollars aux Etats-Unis pour solder une enquête sur son rôle dans la crise des subprimes.
C'est la perspective de cette amende, qui au départ menaçait d'être deux fois plus importante, qui avait à l'automne fait naître un vent de panique sur la capacité de la banque à résister. Des rumeurs d'augmentation de capital, voire même d'un sauvetage public, ensuite démenties, avaient alors circulé.
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