Cette habitante d'Avdiïvka, une ville industrielle théâtre de combats meurtriers entre l'armée et les séparatistes prorusses en février, est parvenue à rester calme pendant l'accouchement en s'imaginant que le bruit des combats n'était qu'une fête en l'honneur de la naissance de sa fille qu'elle a nommée Miroslava, "gloire à la paix" en russe et ukrainien.
Cette naissance en temps de guerre n'est pas inhabituelle. La ville, où des dizaines de civils et militaires ont péri lors de la récente explosion de violence, connaît un mini pic de natalité que les médecins attribuent à l'instinct poussant les habitants à rester en couple et à un bouleversement du fonctionnement hormonal des femmes.
"Ces dernières années, nous sommes parvenus à donner naissance à des bébés issus de familles de quadragénaires", souligne la gynécologiste Svetlana Khomchenko, qui travaille dans cette ville en partie détruite de quelque 20.000 habitants.
"Ils ont tenté d'avoir des enfants sans succès pendant des années et des familles considérées comme stériles se mettent à avoir des enfants. Il s'avère que le stress est un facteur" de natalité, résume-t-elle.
Accouchements à la bougie
Sergueï, le mari d'Olena, doit franchir plusieurs barrages de l'armée pour rejoindre la maternité où sa femme se repose. Les femmes sur le point d'accoucher sont allongées à côté des blessés dans ce bâtiment en partie transformé en hôpital de guerre.
Sergueï admet que beaucoup ont tenté de le dissuader d'avoir un troisième enfant alors que la guerre dure depuis près de trois ans et a fait plus de 10.000 morts et 25.000 blessés. "Mais nous avons tout de même décidé de le faire", sourit-il.
Si les habitants d'Avdiïvka aiment plaisanter sur le fait que ce pic de natalité est dû à la présence de soldats ukrainiens déployés dans la ville, aucune étude scientifique sérieuse n'a cherché à expliquer pourquoi les couples ont plus de relations sexuelles et sont plus fertiles en ces temps de guerre.
La gynécologiste Svetlana Khomchenko cite seulement les statistiques qu'elle a rassemblés. Au début de la guerre, en 2014, il y a eu 45 naissances à Avdiïvka, un chiffre qui a bondi à 110 en 2016 en dépit du fait qu'une partie de la population a fui la ville.
Elle se souvient de scènes d'horreur, quand les femmes devaient se cacher dans le sous-sol de l'hôpital pour se protéger des bris de verre alors que les fenêtres étaient soufflés par les bombes et les obus tombant dans le jardin de l'hôpital.
Le système de chauffage de la ville est encore victime de coupures sporadiques et beaucoup d'accouchements ont été réalisés à la lumière de bougies même si un générateur a récemment été installé et les fenêtres remplacées. Les icônes en revanche n'ont pas été retirées. "Cela calme les mères. Les gens sont devenus très superstitieux", avoue-t-elle.
'Gloire à la paix'
La maternité est restée ouverte même lors des pires journées de février, quand les combats ont fait 35 morts sur toute la ligne du front.
"On travaillait alors que les gens mourraient. Mais nous avons été obligés de transférer certaines femmes sur le point d'accoucher vers les villes voisines car il n'y avait pas de chauffage ou d'eau courante", se souvient la gynécologiste.
Aujourd'hui, les affrontements ont quasiment cessé et de nouveaux bébés s'apprêtent à venir au monde. "La situation s'est normalisée. Si on peut parler de situation normale en temps de guerre", souffle Mme Khomchenko.
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