"Face aux récentes mises en cause de l'action de la justice, les chefs de la cour d'appel de Paris rappellent que les magistrats ont le devoir de rechercher la vérité selon les règles du code de procédure pénale, dans le respect des principes de la présomption d'innocence et du contradictoire", ont déclaré Chantal Arens, première présidente et Catherine Champrenault, procureure générale de la cour d'appel de Paris, jeudi dans un communiqué.
"Notre Constitution, fondée sur la séparation des pouvoirs, garantit l'indépendance des magistrats afin qu'ils exercent leurs missions dans la sérénité et dans le respect du principe de l'égalité de tous devant la loi", écrivent encore les deux magistrates.
C'est dans le ressort de la cour d'appel de Paris que des juges mènent actuellement l'enquête sur les affaires d'emplois fictifs présumés concernant le candidat de la droite à l'élection présidentielle François Fillon, ainsi que le Front national.
Les premiers présidents de cours d'appel de toute la France ont eux aussi publié un communiqué pour rappeler "l'importance qui s'attache, dans un Etat de droit, au respect de l'activité des magistrats, laquelle doit pouvoir s'exercer en toute indépendance et sérénité."
"Ce respect fonde la confiance que chaque citoyen doit pouvoir placer dans le fonctionnement des institutions démocratiques de son pays. Lui porter atteinte revient à ébranler cette indispensable confiance et à fragiliser dangereusement notre pacte républicain", lit-on encore.
François Fillon, annonçant sa convocation en vue d'une mise en examen, a eu mercredi des mots très durs pour l'institution judiciaire, à laquelle il reproche un "assassinat politique".
Marine Le Pen, candidate de l'extrême-droite à l'élection présidentielle, a déclaré jeudi que la justice était "instrumentalisée" afin de lui nuire.
A l'inverse, le candidat du Parti socialiste Benoît Hamon comme Emmanuel Macron ont pris la défense des magistrats.
Le président de la République François Hollande, garant de par sa fonction de l'indépendance de la justice, a fait de même.
Il a estimé jeudi à Furiani (Haute-Corse) qu'il ne pouvait y avoir de manifestation qui "remette en cause les institutions, la justice", à trois jours d'un rassemblement organisé à Paris par François Fillon.
Dès mercredi soir, les deux chefs de la Cour de cassation, plus haute juridiction française, avaient renvoyé tout le monde dos à dos.
"La justice n'encourt pas plus les reproches outranciers qui lui sont faits qu'elle n'a besoin de soutiens d'où qu'ils viennent", ont affirmé Bertrand Louvel et Jean-Claude Marin.
"Les magistrats suivent leur rythme en toute indépendance" et "ont le devoir de ne pas s'engager publiquement dans le débat électoral", ont-ils rappelé.
C'est la deuxième fois en quelques mois que les divers hauts magistrats de France sortent de leur habituelle réserve.
A l'automne dernier, les mêmes ou presque avaient pris la plume pour répondre cette fois à des propos de M. Hollande sur la "lâcheté" supposée de la magistrature.
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