Nouveau réveil difficile chez Les Républicains jeudi. "Fillon se bunkérise, c'est comme une secte. A mon avis, dans 24 ou 48 h, ça pète", glisse une source LR à l'AFP. "C'est de la folie pure, ils ont eux-mêmes scénarisé le problème!", s'étonne un juppéiste, après la stupéfiante journée de mercredi.
Le candidat François Fillon avait en effet annoncé, au terme d'une matinée rocambolesque, sa convocation judiciaire avec une probable mise en examen le 15 mars par les juges d'instruction chargés d'enquêter sur les emplois présumés fictifs de son épouse et de deux de ses enfants.
La matinée de mercredi a laissé des traces: annulation à la dernière minute de la visite au Salon de l'Agriculture, dirigeants LR pris de court en direct sur les antennes, folles rumeurs puis série de défections, de Bruno Le Maire en passant par les centristes de l'UDI...
Les défections ont continué jeudi matin, avec notamment le départ de Sébastien Lecornu, proche de Bruno Le Maire, qui occupait le poste de directeur de campagne adjoint, ou encore du juppéiste Vincent Le Roux, conseiller de Patrick Stéfanini, actuel directeur de campagne.
Le député LR Georges Fenech appelle, lui, à parrainer Alain Juppé, rival malheureux de François Fillon à la primaire. François Fillon sera en effet confronté aux juges le 15 mars, deux jours avant la date limite du dépôt des 500 parrainages requis -lui les a déjà- pour les candidats.
"Il y a un mois, on cherchait à s'accorder sur un plan B. Là, c'est plutôt: on le vire et on verra bien qui on met à la place, l'important, pour tous les courants de LR, c'est d'éviter la honte à la présidentielle", explique une autre source LR à l'AFP, qui voit une issue se "dessiner autour de Juppé", qui ne serait plus visé par un veto de Nicolas Sarkozy.
Le maire de Bordeaux "reste légitimiste et loyal" et entend respecter cette règle de "loyauté" à l'égard de M. Fillon, a-t-on toutefois indiqué à l'AFP dans l'entourage du maire de Bordeaux.
'Comportement incohérent'
En attendant que ce plan B prenne plus de consistance, M. Fillon risque de devoir se justifier à nouveau du maintien de sa candidature, après avoir promis le 26 janvier sur TF1 de se retirer en cas de "mise en examen", avant de changer de ligne mi-février et de s'en remettre "au seul suffrage universel".
En déclarant mercredi que "ça n'est pas seulement (lui) qu'on assassine, c'est l'élection présidentielle", François Fillon s'est attiré les foudres de ses concurrents ainsi que des associations de magistrats également aux prises avec le FN dans cette campagne.
Le candidat d'En Marche!, Emmanuel Macron, a ainsi accusé jeudi ses rivaux François Fillon et Marine Le Pen de "s'attaquer délibérément à l'Etat de droit" en s'en prenant à la justice.
"M. Fillon lui-même est un des apôtres de l'impunité zéro, il veut que les délinquants soient pourchassés immédiatement, condamnés, arrêtés, il est soupçonné d'en être un. Comment peut-il dire lui-même qu'il échapperait à la loi qu'il voudrait rigoureuse pour tous ?", a fustigé le socialiste Arnaud Montebourg.
Le candidat poursuit néanmoins jeudi sa campagne dans le Gard, un département où le FN a recueilli 42,62% des suffrages au second tour des élections régionales en 2015. Au programme: visite d'exploitations viticoles, table ronde dans l'après-midi avec les associations de rapatriés du département et réunion publique à Nîmes.
Mercredi soir, son conseiller spécial Jérôme Chartier a annoncé un rassemblement de soutien dimanche après-midi place du Trocadéro à Paris (XVI arrondissement), là-même où Nicolas Sarkozy avait tenu un meeting d'entre-deux tours avant sa défaite face à François Hollande en 2012.
Cette manifestation de dimanche "est une maladresse", a jugé l'ex-candidat à la primaire et président du PCD Jean-Frédéric Poisson qui ne s'y rendra pas.
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