Le texte constitue, avec un projet d'abaissement de l'âge de la responsabilité pénale à neuf ans, l'un des deux piliers de la guerre controversée contre la drogue menée par le président, qui a fait plus de 6.500 morts.
Une majorité de représentants à la chambre basse ont adopté le texte en deuxième lecture mercredi soir, balayant l'une des principales barrières à la réintroduction de la peine capitale.
Un vote en troisième lecture est nécessaire à l'adoption du texte et est prévu la semaine prochaine. Mais il n'y aura plus aucun débat sur le sujet et les deux camps s'accordent pour dire qu'il s'agit d'une formalité.
Le Sénat, dominé également par les partisans de M. Duterte, devrait ensuite adopter un texte similaire.
"Nous avons franchi la principale difficulté", a déclaré à l'AFP le représentant Reynaldo Umali, défenseur du projet.
L'opposition a laissé éclater sa colère devant ce retour annoncé de la peine capitale 11 ans après son abolition, soulignant entre autres que la corruption du système judiciaire pourrait déboucher sur l'exécution d'innocents.
"Cette décision est inhumaine, honteuse et grossièrement irrespectueuse", a déclaré le père Jerome Secillano, secrétaire aux relations publiques de la Conférence des évêques catholiques, dans un communiqué à l'AFP.
'Marionnettes et caïds'
"Les criminels doivent être punis et les victimes être aidées, mais la punition ne doit pas être la mort. A cause des dysfonctionnements et des défauts de notre système pénal, les risques sont grands pour que des innocents soient victimes d'erreurs judiciaires".
L'Eglise catholique, qui compte 80% de fidèles parmi la population, avait pris la tête de la croisade pour abolir le châtiment suprême en 2006.
Le père Secillano et les parlementaires de l'opposition se sont également élevés contre les tactiques employées pour faire voter la loi: limitation des temps de débats, système garantissant l'anonymat du vote.
Le président de la chambre a également menacé certains représentants de les priver de leurs fonctions aux commissions parlementaires.
"C'est une chambre de marionnettes et de caïds", a lancé Edcel Lagman, opposant de longue date à la peine capitale.
Le texte limite le châtiment suprême aux crimes ayant trait au trafic de drogue.
Ceux qui sont surpris en possession de 500 grammes de marijuana ou 10 grammes de cocaïne, d'héroïne ou d'ecstasy, risquent l'exécution, de même que ceux qui produisent ou vendent de la drogue.
La drogue uniquement
Les personnes commettant des crimes graves - meurtres ou viols - sous l'influence de la drogue seraient également passibles de la peine capitale. Les meurtriers et violeurs "sobres" encourent toutefois la seule prison.
Le texte prévoit pour les condamnés la pendaison, l'injection mortelle ou le peloton d'exécution.
Le président Duterte a remporté la présidentielle en promettant d'éradiquer le trafic de drogue en faisant abattre des dizaines de milliers de personnes.
Depuis son entrée en fonctions fin juin, la police a annoncé avoir abattu en situation de légitime défense plus de 2.500 trafiquants ou toxicomanes tandis que plus de 4.000 personnes ont été tuées dans des circonstances non élucidées.
Les défenseurs des droits accusent le gouvernement de présider à une campagne d'abus généralisés, Amnesty International jugeant que ces meurtres pouvaient peut-être être assimilés à un crime contre l'humanité.
"Cette avancée du Congrès philippin en vue de rétablir la peine de mort constitue un nouveau pas en arrière pour des droits de l'Homme déjà menacés par la +guerre contre la drogue+ abusive de Duterte", a déclaré Phelim Kine, directeur adjoint pour l'Asie de Human Rights Watch.
Rodrigo Duterte bénéficie du soutien de nombreux Philippins qui jugent que la criminalité doit être combattue par des mesures extrêmes.
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