À 18 et 19 ans, Bertille, Théophile, Léandre, Sylvie, Olivier et Lorine participeront à leur premier Salon de l'agriculture côté pro. Ces apprentis agriculteurs du lycée agricole d'Yvetot (Seine-Maritime) connaissent la grand-messe de la porte de Versailles depuis qu'ils sont tous petits, et c'est pleins d'enthousiasme qu'ils font leurs premiers pas dans un secteur qui fait pourtant souvent la une pour la crise qu'il traverse.
En participant avec Gambadeuse, leur vache normande, au Trophée national des lycées agricoles, ils espèrent d'ailleurs redonner un peu de ses lettres de noblesses à la profession. "Les manifestations d'agriculteurs donnent souvent une mauvaise image du métier", reconnaît Sylvie.
Ils imaginent l'agriculture de demain
Pour mieux communiquer sur leur projet, ils ont ainsi monté un blog, tourné une petite vidéo… "On y va pour représenter la jeunesse, montrer que l'on est motivés pour reprendre l'exploitation familiale", renchérit son coéquipier Olivier. La reprendre et y apporter sa petite touche. Théophile compte ainsi gérer la ferme de son père, en duo avec son frère, "en conversion pour faire du bio".
Le jeune homme parle déjà "circuits cours", "magasin de producteurs"… Chacun à leur manière, ils imaginent l'agriculture de demain. Pour Olivier, l'enjeu se trouve plutôt dans "les outils, les nouvelles technologies, qui permettent de développer une agriculture de précision". "Nous sommes une nouvelle génération, on a notre façon de voir les choses", résume Bertille.
Apprendre à mener des projets
Pour ces jeunes, avoir "les parents derrière nous" rassure, comme l'explique Bertille. La formation du lycée est également là pour leur donner de solides bases. "La profession a beaucoup évolué, les choses sont moins difficiles aujourd'hui", assure Bertille, qui est "née dedans". "Le travail est beaucoup moins physique, mais il faut avoir un regard économique, une vision de la gestion de l'exploitation", précise son enseignante, Corinne Barghon.
Pour le responsable de l'exploitation du lycée, Arnaud Izabelle, l'enjeu pour les nouvelles générations est justement "d'apprendre à monter des projets, à se donner des perspectives pour faire évoluer une exploitation".
"Il va falloir se battre"
Une responsabilité loin d'impressionner ces jeunes qui voient dans l'agriculture plus qu'un métier mais "une passion", "un mode de vie". "On est dehors toute l'année, on travaille avec les animaux, on n'a pas de contrainte de bureau… Certes, c'est 365 jours par an, mais j'ai la passion de l'élevage", confirme Victoria Lefrancois.
Victoria Lefrancois parle de sa passion pour son métier
À 25 ans, elle travaille dans l'exploitation familiale, une ferme en polyculture élevage/lait à Ouainville (Seine-Maritime). En 2018, elle envisage déjà de développer un atelier lait. "C'est une décision qui fait un peu peur à mes proches car ce n'est pas la même génération, confie-t-elle. L'insertion dans la vie du travail était plus facile à leur époque que de nos jours."
Engagée et passionnée, Victoria ne lâche rien. "Le problème est toujours le même: l'offre et la demande. On manifeste pour le prix du lait. Les villes s'agrandissent et il va falloir se battre. Mais il y a encore des motivés, et il en faut car que serait la Seine-Maritime sans vache laitière?"
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.