Nouveau réveil difficile chez Les Républicains. Sur le front judiciaire, M. Fillon a annoncé mercredi sa propre convocation, avec possible "mise en examen", le 15 mars chez les juges d'instruction chargés d'enquêter sur les emplois présumés fictifs de son épouse et de deux de ses enfants comme collaborateurs parlementaires.
Sur le plan politique, la droite ressort ébranlée au terme d'une rocambolesque journée: élus et membres de l'équipe de campagne apprenant ébahis, depuis le Salon de l'Agriculture, le report de la visite de leur candidat; solitude des dirigeants LR pris de court en direct sur les antennes; suspension dans l'après-midi du "soutien" de l'UDI... quelques heures après l'"accord électoral et de gouvernement" annoncé par le secrétaire général de LR Bernard Accoyer avec lesdits centristes.
Les défections ont également débuté au sein de son propre parti. Bruno Le Maire a ouvert le bal, suivi par les députés Alain Chrétien, Jean-Luc Warsmann mais aussi la sarkozyste Catherine Vautrin, vice-présidente LR de l'Assemblée. Soutien d'Alain Juppé lors de la primaire, la sénatrice Fabienne Keller a appelé M. Fillon à "prendre une décision plus grande que son intérêt personnel", jugeant qu'il n'était "pas possible de faire campagne contre la justice".
M. Fillon s'est entretenu mercredi matin au téléphone avec M. Juppé, ainsi qu'avec M. Sarkozy.
Le député LR Pierre Lellouche envisage même, quant à lui, de demander au Conseil constitutionnel un report de l'élection. François Fillon sera confronté aux juges le 15 mars, deux jours avant la date limite du dépôt des 500 parrainages requis -lui les a déjà- pour les candidats.
Les pro-Fillon au Trocadéro
D'ici là, l'ancien Premier ministre risque de devoir se justifier à nouveau du maintien de sa candidature, après avoir promis le 26 janvier sur TF1 de se retirer en cas de "mise en examen".
Selon un sondage Harris Interactive pour RMC et Atlantico réalisé après sa déclaration et publié jeudi, seul un Français sur quatre (25%) souhaite que M. Fillon continue le combat, soit une nette baisse par rapport à début février (-10 points). Surtout, il perd beaucoup de terrain chez les sympathisants LR, qui ne sont plus que 53% (-14) à vouloir qu'il se maintienne.
M. Fillon avait certes déjà infléchi sa ligne en annonçant mi-février s'en remettre "au seul suffrage universel". Une position martelée mercredi, face à l'"assassinat politique" dont il se dit victime.
Mais "par ce déchaînement disproportionné, sans précédent connu, par le choix d'un calendrier, ça n'est pas seulement moi qu'on assassine, c'est l'élection présidentielle", a-t-il encore dénoncé, s'attirant les foudres de ses concurrents ainsi que des associations de magistrats également aux prises avec le Front national dans cette campagne.
Il se "tiendra" à sa décision d'aller jusqu'au bout car "abandonner une course, pour un pilote, ce n'est pas naturel", déclare ce passionné de course automobile dans un entretien jeudi à Midi Libre.
Après avoir finalement arpenté mercredi après-midi les allées du Salon de l'Agriculture, M. Fillon poursuit sa campagne dans le Gard, département où le FN a recueilli 42,62% des suffrages au second tour des élections régionales en 2015. Au programme: visite d'exploitations viticoles, table ronde dans l'après-midi avec les associations de rapatriés du département et réunion publique à Nîmes à 19h00.
Les soutiens du candidat, bien que sonnés pour certains, s'organisent. Son conseiller spécial Jérôme Chartier a annoncé la tenu d'un rassemblement de soutien dimanche après-midi place du Trocadéro à Paris (XVI arrondissement), là-même où Nicolas Sarkozy avait tenu un meeting d'entre-deux tours avant sa défaite face à François Hollande en 2012.
Dans un message à destination des militants du parti, Bernard Accoyer les invite à "multiplier les actions militantes de terrain pour faire vivre le débat de fond et convaincre les électeurs de se mobiliser en faveur de notre candidat et du projet ambitieux qu'il défend pour la France".
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