Désormais favori pour l'emporter selon les sondages, le candidat d'En Marche! doit présenter en milieu de matinée devant près de 300 journalistes un document d'une trentaine de pages qui s'articule autour d'une "dizaine de grands thèmes, déclinés en de très nombreuses mesures", selon son équipe.
Objectif: casser l'image bâtie par ses détracteurs d'un candidat "vague", qui "n'a pas de programme", ou cherche en permanence à ménager tantôt à gauche, tantôt à droite.
Dans une interview au Parisien publiée en amont de sa conférence de presse, l'ancien ministre de l'Economie dévoile de nouvelles propositions (extension des allocations chômage aux démissionnaires et aux indépendants, gestion par l'Etat de la formation continue, exonération de taxe d'habitation pour 80% des ménages, renforcement des accords d'entreprise et de branche...)
Nouveau gros chantier social proposé par le candidat Macron, là où Alain Juppé avait échoué en 1995: la fin des régimes spéciaux de retraites, avec une harmonisation progressive des règles "qui seront les mêmes pour tous les régimes" et une "vraie fin des inégalités entre fonctionnaires et salariés du privé".
En revanche, contrairement au projet de François Fillon, l'âge de la retraite et le montant des pensions resteraient inchangés, tandis que le minimum retraite et l'allocation des handicapés seraient augmentés de 100 euros par mois.
Adieu aussi le régime spécial de retraite des parlementaires, dans le cadre d'une "grande loi" de modernisation de la vie publique, réclamée par le nouvel allié de M. Macron, François Bayrou.
'Mettre fin au népotisme'
En pleine affaire Fillon, le candidat veut interdire "aux parlementaires l'emploi de proches ou de membres de leur famille, pour mettre fin au népotisme", ou empêcher ces mêmes parlementaires d'exercer des activités de conseil... deux mesures qui concernent un certain... François Fillon.
Quant à sa majorité présidentielle à l'Assemblée, M. Macron croit pouvoir réunir "plusieurs familles politiques", avec "la gauche sociale-démocrate, les radicaux de gauche, les écologistes, le centre, la droite", autour d'un "Premier ministre fort" pour "tenir les équilibres d'une telle majorité".
Dans un projet qui se veut pragmatique, M. Macron propose aussi de continuer à créer des postes d'enseignants lors du prochain quinquennat, "entre 4.000 et 5.000" quand il compte supprimer 120.000 postes de fonctionnaires globalement. Et le téléphone portable ne serait pas seulement interdit en classe, mais dans toute l'enceinte des écoles et des collèges.
Devançant sur sa droite un François Fillon désormais promis à une mise en examen le 15 mars, et sur sa gauche Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon distancés dans les sondages, l'ancien ministre de l'Economie doit désormais confirmer. Sans perdre les intentions de vote qu'il a grappillées à droite et à gauche.
"La logique du programme, c'est d'enlever les verrous qui font qu'aujourd'hui les gens ne bougent pas, ne changent pas de job, de région... Mais faire en sorte qu'une fois qu'on a enlevé les verrous, les gens ne se retrouvent pas à travailler sans filet", explique à l'AFP un proche du candidat.
Social-libéralisme? "Oui, une forme de social-libéralisme, dire qu'on ne jette pas les gens, qu'on donne des nouveaux filets de protection dans une société qui se veut plus fluide", commente ce membre du premier cercle.
Selon un sondage Ifop-Fiducial publié mercredi, Emmanuel Macron poursuit sa progression dans les intentions de vote au premier tour de l'élection présidentielle (24%, +1,5 point) derrière Marine Le Pen toujours en tête malgré un léger recul sur une semaine. Et creuse l'écart sur François Fillon (21%, +0,5 point), Benoît Hamon (14%, +0,5) et Jean-Luc Mélenchon (11%, stable).
Avant de se retrouver à présenter son "contrat avec la Nation" jeudi matin au Pavillon Gabriel, à un jet de pierre de l'Elysée, Emmanuel Macron y est toutefois allé à reculons.
Le mois dernier, l'ancien banquier avait jugé que c'était une "erreur" de penser que le programme était "le coeur" d'une campagne. Et consenti à dévoiler son programme "pour nourrir le Moloch médiatique et politique".
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