Loin de la tonalité très sombre de son discours d'investiture, le 45e président des Etats-Unis a décliné sur un registre plus présidentiel qu'à l'habitude ses priorités pour donner corps à un engagement central : "Donner la priorité aux Américains".
"Un nouveau chapitre de la grandeur américaine débute", a-t-il affirmé dans l'hémicycle de la Chambre des représentants au Capitole, où siégeaient également sénateurs, ministres et juges de la Cour suprême. "Nous assistons au renouveau de l'esprit américain".
Sur le fond, le président républicain a repris ses grands thèmes de campagne, promettant de ramener "des millions d'emplois", dénonçant des accords de libre-échange défavorables à l'Amérique, et faisant de la lutte contre la criminalité une priorité.
Rompant avec la tradition, les démocrates ont réservé un accueil glacial au président, la plupart restant assis dans leurs sièges, le visage fermé, les bras croisés.
L'autre moitié des élus, les républicains, applaudissaient à tout rompre et multipliaient les ovations à la mention des grands projets de la présidence Trump : construction d'oléoducs, érection du mur à la frontière mexicaine, la lutte contre le "terrorisme islamique radical", ou tout simplement la mention du slogan de campagne, "rendre à l'Amérique sa grandeur".
Les élus démocrates ont doucement hué le mur mexicain, et ri ostensiblement lorsque Donald Trump s'est félicité d'avoir commencé à "assécher le marigot" de la capitale en luttant contre les conflits d'intérêts.
Réforme sur l'immigration ?
En signe de protestation silencieuse, une quarantaine d'élues démocrates étaient habillées de blanc, couleur symbolisant la défense des droits des femmes.
Profitant de cette occasion solennelle de redonner une cohérence à son action après un premier mois chaotique au pouvoir, Donald Trump a longuement promis une extrême fermeté aux frontières, l'un de ses principaux thèmes de campagne.
"En appliquant enfin nos lois sur l'immigration, nous augmenterons les salaires, aiderons les chômeurs, économiserons des milliards de dollars et renforcerons la sécurité de nos communautés", a-t-il lancé.
Afin d'illustrer sa ligne dure contre l'immigration clandestine, Donald Trump avait invité deux veuves de policiers californiens tués en 2014 par un clandestin.
Sans aborder directement la question de la régularisation des sans-papiers, il a proposé d'abandonner le système actuel d'adopter à la place "un système basé sur le mérite"
La signature d'un nouveau décret sur l'immigration après l'échec du premier qui a été bloqué par la justice, pourrait d'ailleurs intervenir dès mercredi.
Réforme fiscale 'historique'
Très attendu sur l'économie, Donald Trump, qui avait délaissé sa célèbre cravate rouge pour une à rayures, a promis devant les élus une réforme fiscale "historique" qui se traduira par une baisse "massive" des impôts pour la classe moyenne et permettrait aux entreprises de "concurrencer n'importe qui".
"Nous devons faire redémarrer le moteur de l'économie américaine et faire en sorte qu'il soit plus facile pour nos entreprises de faire des affaires aux Etats-Unis et plus difficile pour elles de partir", a-t-il martelé.
Proposant un vaste plan d'investissements dans les infrastructures, qui devait se heurter à l'opposition de nombre d'élus républicains, il a déploré que son pays ait dépensé "des milliards et des milliards de dollars à l'étranger" alors que ses infrastructures sont dans un "état déplorable"
Dans ce discours servant aussi de prélude à la bataille pour le budget 2018 qui s'ouvre dans un Congrès contrôlé par ses alliés républicains, il leur a demandé de voter la hausse historique des dépenses militaires qu'il appelle de ses voeux (54 milliards de dollars, soit près de 10%).
Des républicains s'inquiètent de la réticence de Donald Trump à s'attaquer à la protection sociale, qui engloutit deux tiers des dépenses fédérales. D'autres comme le sénateur John McCain jugent la hausse prévue des dépenses militaires trop timide...
Et déjà, la requête de couper les crédits de la diplomatie et de l'aide internationale de plus d'un tiers a reçu une fin de non recevoir de plusieurs responsables républicains.
'Harmonie et stabilité'
Les républicains, pour la première fois depuis 2006, contrôlent à la fois la Maison Blanche et le Congrès, et leur feuille de route est remplie, avec des réformes de la santé et des impôts en 2017.
"C'est un moment qui n'arrive qu'une fois toutes les générations", s'est félicité Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants. "Nous avons enfin l'occasion de régler tous les grands problèmes du pays".
Mais la majorité et le président ne voient pas tout du même oeil, particulièrement sur le remplacement de la réforme de la couverture-maladie "Obamacare".
Un projet de loi qui circulait la semaine dernière a été enterré, faute de consensus entre les conservateurs partisans d'un désengagement public et les pragmatiques qui hésitent à démanteler un système qui a, malgré ses défauts, aidé des millions de leurs électeurs.
Sur les affaires étrangères qu'il abordées très brièvement, le nouveau locataire de la Maison Blanche a réaffirmé que son rôle n'était pas "de représenter le monde mais de représenter les Etats-Unis d'Amérique".
Mais, après avoir défendu une spectaculaire hausse des crédits militaires, il a aussi mis en avant un ton plutôt conciliant. "Nous voulons l'harmonie et la stabilité, pas des guerres et des conflits", a-t-il martelé, réaffirmant en particulier son attachement à l'Otan.
"Le temps des combats futiles est derrière nous", a conclu le président républicain, dans une volonté de rassembler un pays profondément divisé.
"Voilà notre vision, voilà notre mission, mais le seul moyen d'y arriver est d'être rassemblés", a ajouté le milliardaire républicain dont la cote de popularité est historiquement basse par rapport à ses prédécesseurs au début de leur mandat.
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