Parmi les 3.000 participants du défilé du jour, un Français, Bruno Grenier, originaire du Luberon: "Ma compagne est Brésilienne, elle voulait me montrer ce qui, pour elle, est le vrai carnaval".
"Ça n'a rien à voir avec Nice (sud de la France), par exemple. Ici, c'est énorme, irréel. C'est une vraie religion", souriait cet habitant de Monaco, suant à grosses gouttes dans son lourd costume rouge de guerrier à l'armure ornée de cornes.
Le présentateur de télévision français Stéphane Bern, lui, à eu l'honneur de défiler tout en haut d'un char, avec l'école suivante, Sao Clemente, qui avait choisi pour thème la vie de Nicolas Fouquet, ancien surintendant des finances de Louis XIV accusé de détournement du trésor public.
Sourire jusqu'aux oreilles, grand chapeau à plumes jaunes: le passionné des têtes couronnées était comme un poisson dans l'eau.
Les chars somptueux, tout en dorures, ont plongé le public dans l'ambiance du château de Versailles et le Roi Soleil lui-même trônait sur le premier char, avec une perruque caractéristique des portraits d'époque.
De Versailles à Marrakech
Le thème était surtout une référence subtile au méga-scandale de corruption Petrobras qui secoue le Brésil depuis bientôt trois ans, avec des dizaines de dirigeants d'entreprises et d'hommes politiques de tous bords sous les verrous.
Mocidade propose un autre voyage, direction Marrakech, le tout teinté de légendes des mille et une nuits, avec Aladin, Sinbad le marin ou Shéhérazade. Parmi les participants de cette école, le fameux footballeur brésilien Ronaldinho.
Pour finir en beauté, Portela, l'école la plus titrée de l'histoire, et Mangueira, championne de l'an dernier, feront vibrer les 70.000 spectateurs massés au sambodrome.
La grande championne du carnaval de Rio sera connue mercredi. Contrairement aux Oscars, pas de risque de s'emmêler les pinceaux avec les enveloppes.
Pour chacun des dix critères évalués, la note des quarante jurés sera en effet annoncée en toute transparence par un locuteur à la voix monocorde, lors d'un cérémonial interminable qui mettra en haleine les brésiliens après quatre jours de fête non-stop.
Si les sourires sont revenus sur toutes les lèvres lundi, le souvenir de l'accident de char de dimanche n'a pas pour autant été relégué aux oubliettes.
Selon le dernier bulletin médical des autorités sanitaires municipales, trois femmes sont encore hospitalisées, l'une d'elles en état grave, placée sous respiration artificielle.
Dimanche, le drame est survenu lorsque le dernier char de la première école de samba entrée en scène, Paraiso do Tuiuti, a blessé au moins 20 personnes, dont plusieurs journalistes, en venant percuter une des tribunes du sambodrome, une avenue de 700 mètres bordée de gradins à ciel ouvert.
'Un vrai désastre'
"C'est la première fois qu'un incident de ce type se produit, justement un jour de pluie, avec un char à la roue défectueuse", a déploré, fataliste, Elmo José, directeur du carnaval pour le compte de la Ligue Indépendante des écoles de samba (Liesa).
Il a expliqué à l'AFP que des mesures avaient déjà été prises pour qu'un tel incident ne se reproduise pas, en interdisant le public et les journalistes près de l'entrée des chars. Deux rangées de grilles ont été placées pour renforcer la sécurité.
Selon le site d'information G1, le chauffeur a été entendu par la police et a demandé pardon aux victimes.
"Ça n'aurait jamais dû arriver, c'est un vrai désastre. Je n'avais jamais vu un truc pareil", déplore Rafael, chauffeur de char pour Uniao da Ilha, première école de samba à avoir défilé lundi, peu après 22h00 locales (01h00 GMT de mardi).
"C'est un vrai travail d'équipe, je dois suivre à la lettre les orientations d'un guide, qui me fait des signes. S'il ne bouge pas, je m'arrête net", explique ce jeune homme de 26 ans. "Je ne suis absolument pas inquiet, parce que je sais exactement quoi faire", conclut-il.
Pourtant, un des chars monumentaux d'Uniao da Ilha a justement connu de gros problèmes mécaniques, calant à l'entrée et à la sortie du défilé, ce qui risque de coûter de précieux points à son école, même si, cette fois, aucun blessé n'est à déplorer.
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