C'est un point de transit où les gens qui fuient la guerre et la famine sévissant au Soudan du Sud passent quelques jours avant d'être accueillis dans des camps de réfugiés permanents installés dans tout le Soudan.
"J'ai couru deux jours sans m'arrêter jusqu'à atteindre la frontière", raconte à l'AFP Rebecca James, qui vient d'une région où l'état de famine a officiellement été déclaré la semaine dernière.
"En chemin, j'ai vu des dames âgées mourant de faim et des jeunes hommes tués par balles", raconte cette femme de 35 ans vêtue d'une robe traditionnelle, qui a passé la frontière samedi avec ses enfants.
Plusieurs membres de sa famille sont morts de faim ou ont été tués dans les combats, dit-elle.
Le Soudan du Sud, la plus jeune des nations du monde, est né en 2011 après sa séparation d'avec le Soudan et a sombré dans la guerre civile à partir de décembre 2013.
Selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), environ 32.000 Sud-Soudanais ont trouvé refuge au Soudan depuis le début de l'année et des dizaines de milliers d'autres devraient les imiter dans les mois à venir.
"Le niveau des arrivées a jusqu'à présent dépassé nos prévisions initiales", a expliqué le HCR.
Le Soudan accueille déjà environ 330.000 ressortissants de son voisin du sud depuis le début de la guerre civile.
- 'Notre peuple meurt de faim'
"Les gens meurent de faim, ils n'ont pas de quoi manger. Plusieurs ont fui dans les forêts où il y a de la nourriture (...) et un abri", dit Peter Kwang, un chef de la tribu sud-soudanaise Neur, alors qu'il collecte des emballages alimentaires au centre d'Al-Eligat.
"De nombreux villages ont été totalement incendiés par les forces gouvernementales", accuse-t-il.
La guerre civile au Soudan du Sud a commencé quand le président Salva Kiir a accusé son rival et ancien adjoint Riek Machar de fomenter un coup d'Etat.
Les combats acharnés entre les partisans de M. Kiir, de la tribu des Dinka, et ceux de M. Machar, de la tribu de Neur, ont fait des dizaines de milliers de morts. Plus de trois millions de personnes ont été déplacées.
"Je suis arrivé ici après avoir marché pendant 10 jours au cours desquels je me cachais souvent dans la forêt pour fuir les combats", raconte Await Kong, 75 ans, assis sur sac de sorgho, aliment de base au Soudan.
"Je suis arrivé avec ma fille, mais je n'ai aucune nouvelle du reste de ma famille", ajoute-t-il.
Les responsables humanitaires à Al-Eligat affirment que leur centre, géré par les autorités soudanaises et le Croissant-Rouge soudanais, n'est équipé que pour offrir des aides de base aux réfugiés, comme la nourriture fournie par le HCR et ses partenaires.
Etabli sur des terres cultivées le long d'une autoroute qui relie la frontière à Kosti, la capitale de l'Etat du Nil-Blanc, le camp est doté de salles de bain et de toilettes de fortune.
Des humanitaires étrangers y distribuent de l'aide à des réfugiés affamés.
"Durant les 65 km que nous avons dû parcourir avant d'arriver à la frontière, nous n'avons mangé que des feuilles d'arbres", relate Stephen, un adolescent de 13 ans.
"Ma mère et moi avons pris la fuite après la mort de mon père dans les combats", dit-il.
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