Emmanuel et Sarah Delente sont mariés. À 38 ans, Emmanuel doit recevoir, dans quelques mois, le rein de sa femme. En insuffisance rénale depuis six ans, c'est pour eux une démarche naturelle. "On se connaît depuis 10 ans, on savait que ce moment devait arriver", expliquent-ils. Initialement prévue fin avril, la greffe a été repoussée à la fin de l'année. Elle doit pouvoir éviter à Emmanuel de passer par l'étape de la dialyse. "Je peux continuer à travailler et à faire du sport pour l'instant mais je ressens de plus en plus de fatigue".
Une longue procédure, de nombreux examens
Le couple a entamé les démarches de greffe en septembre 2016. "C'est frustrant de devoir encore attendre mais ça va arriver", explique en souriant Sarah Delente. Donner un rein de son vivant est un véritable parcours du combattant. "C'est une longue procédure avec des batteries d'examens, test de compatibilité, des échographies et la faisabilité chirurgicale", explique le docteur Xavier Tillou, urologue et spécialiste des greffes rénales au CHU de Caen. Environ 15 greffes de reins y sont pratiquées chaque année avec des donneurs vivants. Si Sarah Delente peut donner un rein à son mari, c'est tout d'abord parce qu'ils sont liés sentimentalement. "De leur vivant, ne peuvent donner que des ascendants au premier degré, des cousins, conjoints ou concubins s'ils prouvent qu'ils sont ensemble depuis plus de deux ans, explique Xavier Tillou, ensuite il faut choisir le rein que l'on va prélever. Pour nous c'est une opération stressante car on réalise une intervention chirurgicale sur une personne en très bonne santé".
"Ça ne se joue à rien et pourtant ça change une vie"
Patrice Lelièvre, lui, a vécu une tout autre expérience. Greffé rénal en septembre 2008, à cause d'une insuffisance, il se souvient de ce jour comme si c'était hier. "J'étais sur la liste d'attente nationale. Les médecins m'ont dit que je pouvais attendre deux ans. Trois mois après, ils m'ont appelé". Lorsque Patrice Lelièvre a reçu l'appel, il était dans la salle d'attente d'un médecin. "C'est vraiment un moment que je ne peux pas oublier. Ça ne se joue à rien et pourtant ça change une vie".
Cet ancien employé de banque a été sous dialyse pendant 9 mois. "Chaque séance dure quatre heures, c'est très fatigant et contraignant. Je rentrais des séances à 17h30, je mangeais et j'allais me coucher", se souvient-il.
Un traitement à vie
Pascal Lelièvre a reçu un rein d'une personne en mort encéphalique. "Ce rein c'est le mien désormais, j'en ai fait mon organe. Je remercie bien évidemment cette famille que je ne connais pas et qui a accepté de donner. Prendre soin de mon rein et l'emmener le plus loin possible est le mieux que je puisse faire".
Depuis sa greffe, Pascal n'a eu aucune complication mais il va devoir prendre jusqu'à la fin de sa vie, un médicament antirejet. "J'ai encore des rendez-vous de contrôle au CHU tous les six mois", ajoute-t-il. Désormais à la retraite, Pascal Lelièvre intervient régulièrement dans les lycées pour parler du don d'organes. "C'est un acte que l'on connaît encore mal mais qui peut radicalement changer le cours d'une vie".
A LIRE AUSSI.
Les règles du don d'organes clarifiées à partir du 1er janvier
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.