Mais la fête a été rapidement gâchée par un accident, quand le dernier char de la première école de samba entrée en scène, Paraíso do Tuiuti, a blessé six personnes en venant percuter une des tribunes du sambodrome, une avenue de 700 mètres bordée de gradins à ciel ouvert et de loges pour VIP.
"Il y a six blessés, dont deux graves", a précisé à la presse le lieutenant colonel Morgado, du service des pompiers brésiliens. Les conducteurs du char auraient perdu le contrôle du "véhicule" sous la pluie fine qui tombait sur Rio dimanche soir.
Paraiso do Tuiutu, qui avait commencé à défiler à 22h00 locales (01h00 GMT), a rendu hommage au mouvement tropicaliste qui a révolutionné la chanson brésilienne à la fin des années 60, avec des monstres sacrés comme Gilberto Gil et Caetano Veloso défiant le moralisme de la dictature militaire.
Fidèle à l'esprit de ce mouvement libertaire, l'école a présenté un défilé exubérant, plein de couleurs vives, avec des toucans géants ornant le premier char, devancé par un groupe de guerriers indiens évoluant selon une choréographie traditionnelle.
La peinture rouge qui ornait leurs corps dégoulinait un peu à cause de la pluie fine qui tombait sur Rio.
Dans un autre registre, Ivete Sangalo, diva de la pop brésilienne teintée de rythmes de Bahia, sera le thème de l'école Grande Rio.
"Je suis ici pour Ivete, c'est mon inspiration. Ce sera mon premier défilé et j'en ai déjà des frissons", a raconté à l'AFP Thais Couto, mannequin de 34 ans venue spécialement de Sao Paulo avec un magnifique costume doré tout en plumes.
Une Française figure de proue
Près de 70.000 privilégiés sont massés dans la "Passerelle de la Samba", de son vrai nom Avenue Marques de Sapucai, et des millions de téléspectateurs de tout le Brésil sont rivés sur le petit écran.
"Nous nous sentons victorieux rien que pour le fait d'être ici, malgré la crise. Nous nous sommes énormément battus pour être ici. C'est le moment d'oublier tous les problèmes", s'est enthousiasmée Beatriz Gloria Andrere, femme bien en chair de 62 ans qui s'apprêtait à défiler dans une énorme robe rose.
Auto-intitulé "plus grand spectacle de la Terre", ce show multicolore est avant tout une compétition.
Qualités des costumes, des chars, harmonie du défilé, choix du thème, paroles de la chanson: chaque détail est passé au crible selon des critères très stricts par un jury intraitable.
Comme au football, il y a plusieurs divisions: ceux qui aspirent à intégrer l'élite ont ouvert le bal vendredi et samedi, mais la crème de la crème, les 12 écoles du "grupo especial (groupe spécial), défilent dimanche et lundi.
Chaque défilé dure 75 minutes, contre 82 l'an dernier, avec pas moins de 3.000 personnes qui déambulent avec des costumes extravagants, souvent ornés de plumes, strass et paillettes.
La Française Maryam Kaba sera la figure de proue de Vila Isabel, la quatrième école à défiler.
Seule femme parmi 15 danseurs qui forment la "Comissao de frente" (le premier groupe à entrer dans l'avenue, devant le plus grand char), elle ouvrira le défilé de son école avec une chorégraphie inspirée des rythmes africains.
Les Indiens d'Amazonie seront aussi représentés, avec Imperatriz Leopoldinense, qui a pris pour thème de son défilé la défense des tribus du Xingu, menacées par l'appétit des pontes de l'agro-business et par la construction d'une grande centrale hydraulique.
'Petites chemises'
Vendredi, l'ouverture officielle du carnaval, célébrée elle-aussi au sambodrome, avait été entachée par l'absence de Marcello Crivella, ce pasteur évangélique fraîchement élu maire de Rio.
Le défilé des écoles de samba durera jusqu'aux premières lueurs du matin lundi, mais la fête ne se limitera pas au sambodrome.
Le carnaval de rue bat son plein dans tout le pays avec les "Blocos", ces cortèges musicaux qui peuvent attirer des milliers de fêtards.
À travers le pays, de Recife (nord-est) à l'Etat du Minas Gerais dans le sud-est en passant par Sao Paulo, des millions de Brésiliens ont mis entre parenthèses la grave crise économique qui les frappe de plein fouet et les scandales de corruption au sein de la classe politique.
Le ministère de la Santé avait déjà annoncé la distribution gratuite de 77 millions de "camisinhas" (littéralement "petites chemises" en portugais) dans tout le pays.
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