Outre le retrait de M. Jadot, l'accord comporte un volet programmatique, dont de nombreux points sont en rupture avec la doxa socialiste, et un volet électoral, qui sécurise les députés EELV sortants -dont Cécile Duflot- et doit permettre aux Verts de constituer un groupe à l'Assemblée.
Le député européen EELV avait annoncé dès jeudi son renoncement au profit du socialiste, une décision plébiscitée par les électeurs de la primaire écologiste : 79,53% d'entre eux ont dit "oui" à l'accord (blanc: 5,08%, "non": 15,39%), malgré la campagne en faveur du "non" menée par des membres de l'aile gauche d'EELV, opposé à un "deal" n'incluant pas Jean-Luc Mélenchon.
Les deux hommes doivent sceller leur alliance ce dimanche à 17H00, au QG de Benoît Hamon, invité ensuite du 20H00 de TF1.
"Champagne, l'accord est conclu", a réagi à chaud sur France 3 le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.
Pour la porte-parole d'EELV, Sandra Regol, la "première étape du rassemblement" a été réalisée, mais "le plus important reste encore à faire avec Jean-Luc Mélenchon". Le candidat de La France insoumise a dîné avec Benoît Hamon vendredi soir, selon l'entourage de ce dernier, qui n'a pas donné plus de précisions.
Sur le papier, l'accord entre MM. Jadot et Hamon est une bonne nouvelle pour les socialistes: il apparaît comme un pendant bienvenu à l'alliance du président du MoDem, François Bayrou, avec à Emmanuel Macron, et vient clore trois semaines de discussions qui ont beaucoup occupé l'espace médiatique, rendant peu audible la campagne de M. Hamon.
Nouvel organigramme
Mais il est loin de faire l'unanimité dans les rangs socialistes. La plateforme programmatique sur laquelle s'est engagé Benoît Hamon constitue "une rupture avec l'orientation du PS" sur le nucléaire, Notre-Dame-des-Landes ou encore les institutions, fustige dans le JDD le député Christophe Caresche, qui annonce -sans que ce ne soit une surprise de la part de ce représentant de l'aile droite du PS- son ralliement à Emmanuel Macron.
Le député du Nord Christian Bataille, proche de Manuel Valls, avait de son côté déclaré vendredi qu'il ne pourrait voter pour Benoît Hamon si ce dernier maintenait ses choix en matière de nucléaire.
"Il y a un glissement à gauche qui risque de provoquer une hémorragie vers Emmanuel Macron", s'inquiète auprès de l'AFP un responsable parisien. Lequel estime aussi que Benoît Hamon a fait une "erreur" en acceptant que Cécile Duflot se maintienne sur sa circonscription.
"Cela donne l'impression d'une tambouille d'appareil" et cela "va donner une justification politique et morale aux loyalistes pro-gouvernementaux pour partir", regrette ce proche d'Anne Hidalgo. "Il peut y en avoir une trentaine ou une quarantaine qui franchissent la ligne cette semaine", prévient-il.
Motif d'irritation supplémentaire: l'accord laisse libre EELV de présenter ou de soutenir des candidats face à ceux du PS, ce qu'il a bien l'intention de faire. Caroline De Haas, en pointe dans la lutte contre la loi travail, devrait ainsi défier Myriam El Khomri, Julien Bayou, le porte-parole d'EELV, prévoit de se présenter face à Seybah Dagoma, Alexis Braud, le porte-parole de Yannick Jadot, face à Stéphane Le Foll...
"Ca ne me choque pas qu'ils aient leur candidat. Ils en ont besoin d'un point de vue financier, et l'union de la gauche n'est pas forcément la meilleure tactique au premier tour. Mais ils pourraient avoir un peu plus de discernement dans leurs choix de candidats", dit la même source parisienne.
Soucieux de rassembler autant que possible la famille socialiste, Benoît Hamon a publié une nouvelle "gouvernance politique" de sa campagne. Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, adversaires de M. Hamon lors de la primaire, sont ainsi respectivement nommés "haut représentant, chargé des relations internationales" et "conseiller politique".
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