. Régression ou stagnation ?
La déception est à la hauteur des attentes et surtout du contenu proposé. Les Bleus "espéraient faire quelque chose" à l'Aviva Stadium, a expliqué l'entraîneur des arrières Jean-Frédéric Dubois, après "s'être préparés comme jamais", dixit le sélectionneur Guy Novès, pendant plus d'une semaine à Nice.
Mais ils n'ont pas existé, contrairement aux précédents rendez-vous avec les autres nations majeures, la Nouvelle-Zélande (19-24) et l'Australie (23-25) en novembre, et l'Angleterre (16-19) en ouverture du Tournoi. Et alors que Dubois, comme Novès, "n'a rien à reprocher aux mecs sur leur investissement"...
Ce revers constitue donc sinon une régression, du moins un net coup d'arrêt dans leur progression, plutôt linéaire depuis l'arrivée aux commandes de Novès.
"On stagne plutôt, je n'ai pas le sentiment qu'on recule" a estimé le sélectionneur, qui a mesuré "face à des nations de calibre important le chemin qu'il restait à parcourir". "Il nous manque beaucoup de choses pour rivaliser avec les meilleurs européens. On va redoubler d'humilité, on est à notre place, 8e nation mondiale (au classement lundi)", a abondé Yoann Maestri.
. Virage à prendre
Ce coup d'arrêt se double d'un coup de barre: pour la première fois, Novès a clairement évoqué la nécessité de faire "un peu évoluer notre projet de jeu pour nous adapter à ce niveau". Alors qu'il avait jusque-là répété que les Bleus resteraient fidèles au style emprunté.
Un projet de jeu basé sur le mouvement, la circulation du ballon et des hommes et tourné vers le grand large, à rebours de celui pratiqué sous le mandat de son prédécesseur, Philippe Saint-André. Auquel il convient donc d'ajouter une bonne dose de pragmatisme.
Car il a montré ses limites face cette Irlande ultra précise et intelligente, proposant des choses simples mais très efficaces. Bref, une équipe mûre et sûre de ses forces, à l'inverse du XV de France en reconstruction. Lequel s'est perdu dans un jeu de passes souvent stériles, surtout dans son camp, n'utilisant que trop peu le jeu au pied et manquant d'alternance sous le crachin dublinois.
Alors, virage à 180 degrés, au tour des grands coups de pieds, fini les passes après-contact? C'est aller un peu trop loin. Mais selon l'entraîneur des avants Yannick Bru, maintenant que sont "acquis" les "repères communs en attaque" et dans la "circulation offensive", place au deuxième étage de la fusée.
"C'est vrai que ce match va nous amener à une réflexion sur l'alternance dans notre jeu, sur par moments notre dépense d'énergie, le fait de prendre en compte l'atmosphère d'un match. Quand on sent qu'on est en échec, il faut faire souffler l'équipe, la faire avancer plus simplement par du jeu au pied de pression", a ainsi déclaré Bru. Avant d'immédiatement ajouter: "Ce n'est pas pour autant qu'on va renier ce qu'on a mis en place."
. Limiter la casse
L'hypothétique victoire finale dans le Tournoi envolée, les Bleus se déplaceront désormais en Italie le 11 mars puis recevront le pays de Galles une semaine plus tard. Pour sauver les meubles et finir le Tournoi avec un bilan positif, mais également éviter de glisser au-delà du 8e rang mondial pour s'épargner un "groupe de la mort" lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2019 au Japon, le 10 mai. Ce qui pourrait être le cas en cas de revers face aux Gallois.
Avant, il y aura la préparation sous pression du voyage à Rome, où Charles Ollivon devrait remplacer en troisième ligne Bernard Le Roux, passé au travers pour son retour après un an d'absence. Scott Spedding, qui s'est noyé sous les chandelles irlandaises, semble lui menacé à l'arrière par Brice Dulin ou Djibril Camara.
Ce n'est cependant pas sur le choix des hommes que Novès devrait le plus cogiter. Davantage sur les ajustements nécessaires dans le jeu face aux Italiens.
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