Il faudra donc repasser, et attendre la tournée de juin en Afrique du Sud pour que les Bleus décrochent éventuellement ce fameux match référence après lequel ils courent désespérément.
Celui qui leur permettrait de poser un nouveau jalon sur le chemin de la reconstruction, qui prend sans doute un peu plus de temps qu'escompté par le sélectionneur Guy Novès et ses adjoints.
Car après avoir échoué de peu et avec les honneurs en novembre contre l'Australie (23-25) et la Nouvelle-Zélande (19-24), et en Angleterre (16-19) en ouverture du Tournoi, le XV de France a cette fois été nettement battu à Lansdowne Road.
Hormis vingt premières minutes excellentes, il n'a pas vu le jour, balayé comme un fétu de paille par la furia irlandaise.
Et se retrouve dès lors sous pression pour la fin de la compétition, condamné à aller gagner en Italie dans deux semaines puis à battre au Stade de France le pays de Galles le 18 mars pour finir avec un bilan positif.
Une des questions, avant le match, était de savoir s'il allait afficher le visage montré à Twickenham, plutôt séduisant, ou celui, très brouillon, proposé contre l'Ecosse (22-16) au Stade de France il y a deux semaines.
Réponse: aucun des deux. Car si face au XV du Chardon il avait eu le ballon mais avait manqué de lucidité et de justesse, à Lansdowne Road il n'a quasiment pas existé.
Avant le repos, casse limitée
Hormis pendant les vingt premières minutes où, porté par une charnière Baptiste Serin-Camille Lopez très dynamique, il a concrétisé sa domination par deux pénalités de l'ouvreur de Clermont (12 et 18).
Il aurait même pu creuser davantage l'écart si Gaël Fickou, sur l'action de la deuxième pénalité de Lopez, n'avait pas commis un léger en-avant que Rémi Lamerat n'aplatisse.
Ce fut la dernière fois que les Bleus s'approchèrent de la ligne adverse.
Jusqu'au dernier quart d'heure, où l'apport du banc leur a permis de retrouver des couleurs, ils ont passé leur temps à défendre, souvent percés au coeur par les combinaisons et passées redoublées orchestrées par Jonathan Sexton.
Ils ont parfois défendu avec brio, malgré de nombreux plaquages manqués, pour éviter que les joueurs de Joe Schmidt n'atteignent la pause avec un avantage plus conséquent que celui de 7 à 6 après un essai au ras de Conor Murray, qui a été un poison.
Ils ont ainsi subi deux gros temps forts sans encaisser de points, d'abord grâce à un gros effort en mêlée (24), puis par une belle défense collective sur plusieurs groupés-pénétrants (39).
Récurrentes maladresses
Ce ne fut pas le cas après la pause, où l'Irlande a concrétisé sa nette domination par la botte de Sexton, de retour après avoir manqué les deux premiers matches et auteur de deux pénalités (44 et 54), plus un drop (50).
Et les Bleus? Absents. En deuxième période, ils ne sont allés qu'une seule fois dans les 22 mètres irlandais... à dix minutes de la fin!
Les quelques autres fois où ils ont été dans le camp adverse, leur attaque a été gâchée par des maladresses, décidément récurrentes.
Comme cette passe acrobatique en avant de Noa Nakaitaci (48), ou cet autre ballon jeté de Scott Spedding à Louis Picamoles (52).
Ou cet en avant grossier de Bernard Le Roux, venu gâcher un mouvement prometteur après une relance de Spedding (59). Le Roux, auteur d'une prestation quasi catastrophique pour son retour en bleu après quasiment un an d'absence alors qu'il devait apporter de la densité physique aux Bleus en troisième ligne, a été remplacé dans la foulée par Charles Ollivon...
C'est cependant collectivement que les Bleus ont souffert. Et le déplacement en Italie ne s'annonce pas comme une balade romaine.
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