- Une information judiciaire qui tombe mal:
Après avoir fortement décroché dans les sondages quand Le Canard enchaîné a publié fin janvier ses premières révélations sur les emplois présumés fictifs de sa femme, Penelope, M. Fillon avait ces dernières semaines repris de timides couleurs dans les enquêtes d'opinion.
"On pouvait se dire que sans nouveau développement, il aurait pu se redresser. Là il replonge, au moins pour la semaine prochaine", explique à l'AFP Jérôme Fourquet, de l'Ifop.
"Ça tombe très mal en terme d'opinion, ça allait un peu moins mal, leurs courbes (avec M. Macron) commençaient à se recroiser", abonde Gaël Sliman (Odoxa). Là, M. Fillon risque de replonger dans les affres de son feuilleton judiciaire, quand M. Macron, auteur de plusieurs bourdes la semaine dernière, déroule son programme et bénéficie de son alliance avec François Bayrou, avant d'éventuels nouveaux ralliements.
- Une campagne inaudible et perturbée
Entendu par les policiers dans les premiers jours de l'enquête, M. Fillon a depuis laissé le soin à ses avocats de mener leur contre-offensive sur le terrain judiciaire. L'ex-Premier ministre tente, lui, de reprendre le fil de sa campagne. Mais chacun de ses déplacements est perturbé par des concerts de casseroles. "Sa campagne est polluée, ça se voit à la forme que prennent ses déplacements, il doit entrer par des portes dérobées", relève M. Fourquet.
"Il y a quelques manifestants et quelques casseroles, c'est organisé de façon méticuleuse par l'extrême gauche", veut croire un de ses proches, Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR. Son accueil au Salon de l'agriculture la semaine prochaine sera scruté.
Plus inquiétant, M. Fillon, qui passait durant la primaire de la droite pour le candidat ayant le programme le plus charpenté, voit désormais ses propositions susciter très peu de réactions. Déjà amendé, son projet de réforme de la santé présenté en début de semaine, est ainsi passé sous les radars médiatiques.
L'affaire Fillon "rend inaudible son projet, qui fait écho à chaque fois à ses problèmes judiciaires", relève M. Sliman à propos d'un candidat qui a gagné la primaire en mettant en exergue sa probité, face notamment à Nicolas Sarkozy, et en demandant des efforts aux Français.
M. Fillon, qui a rencontré récemment l'ancien chef de l'État, a même tenté un coup que n'aurait pas renié l'ancien Président en proposant d'abaisser à 16 ans la majorité pénale. "Mais ce n'est pas aussi décoiffant que quand c'était Sarkozy", remarque M. Fourquet.
- Des motifs d'espoir, malgré tout
M. Fillon, auquel était promis il y a encore quelques semaines, lorsque les premières révélations ont été publiées, un retrait piteux au profit d'une candidature alternative est désormais quasi assuré d'aller au bout de sa candidature.
M. Fillon est ainsi revenu sur sa promesse de renoncer s'il était mis en examen et dans son propre camp, les quelque tentatives pour le pousser à renoncer à la course ont échoué, faute de plan B qui ferait l'unanimité. "L'envoi des parrainages (aux maires depuis quelques jours) fait qu'il n'y a plus de plan B possible, ils vont devoir faire campagne avec M. Fillon" pendant les deux mois à venir, explique M. Fourquet.
Autre motif d'optimisme pour M. Fillon: après avoir perdu près d'une dizaine de points dans les sondages depuis fin janvier, il a stoppé l'hémorragie et reste soutenu par un socle de sympathisants de droite, ce qui lui permet de se maintenir autour de 20%.
"Jacques Chirac n'a jamais été à plus de 20% à un premier tour de présidentielle", rappelle M. Fourquet, convaincu que la qualification de M. Fillon au second tour "n'est pas hors de portée". D'autant que l'électorat potentiel de son principal rival, M. Macron, "n'est pas solidifié".
Le député de Paris a "tout de même un socle de 70% de sondés certains de voter pour lui, quand Macron est autour de 50%", renchérit M. Sliman. "Fillon ne pourra plus perdre beaucoup".
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