Telle est la définition introduite dans le dictionnaire anglais Collins en 2016 pour ce terme péjoratif, employé aux Etats-Unis par les conservateurs et les partisans de Donald Trump dans le but de railler leurs adversaires de gauche, présentés comme des geignards allergiques à la liberté d'expression. Des "flocons de neige", si sensibles et fragiles qu'ils s'effondreraient à l'écoute du moindre discours antagoniste.
A la grande conférence annuelle des conservateurs américains CPAC, près de Washington, des ateliers forment des étudiants venus des quatre coins du pays à militer dans un climat de plus en plus "politiquement correct".
"Etre conservateur sur un campus, c'est comme lorsqu'on était gay auparavant", explique Max Ortengren, 23 ans, vice-président des républicains de la Florida Gulf Coast University. "On a peur de faire son coming out".
Cette guerre culturelle a donné naissance à un nouveau vocabulaire.
Des étudiants issus des minorités ont réclamé ces dernières années des "espaces protégés" ("safe spaces") sur les campus, où les propos intolérants seraient interdits. D'autres réclament des avertissements ("trigger warnings") si des idées exprimées dans un cours ou une pièce de théâtre sont susceptibles d'heurter certaines sensibilités.
Ces précautions s'assimilent, pour les défenseurs conservateurs de la liberté d'expression, à un refus de débattre et une tentative de museler les opinions minoritaires chez les étudiants.
Max explique avoir attendu deux semaines avant de promouvoir dans son école un événement organisé avec le lobby des armes à feu, de peur que des étudiants de gauche organisent un blocage.
Chloe, 21 ans, est encore sous le choc de l'invasion d'une poignée d'étudiants à une conférence du provocateur gay conservateur Milo Yiannopoulos, sur un campus de Chicago, l'année dernière, pour dénoncer le racisme de Donald Trump. Les manifestants ont occupé la scène et forcé les organisateurs à annuler la rencontre.
"Ca a complètement dérapé", déplore-t-elle. "Pour nous, CPAC est un espace protégé!"
"Etudiants dorlotés"
Dans l'une des salles du centre de convention, Casey Mattox anime un atelier intitulé "Comprendre ses droits sur un campus".
"Mon travail consiste à poursuivre votre université en justice", annonce-t-il.
Son organisation, l'Alliance de défense de la liberté, se spécialise dans la liberté d'expression et d'association des étudiants chrétiens, républicains, pro-armes... en attaquant les écoles sur leurs règlements intérieurs.
"Les gauchistes qui dominent la plupart des campus savourent l'avantage qu'ils ont sur les étudiants et abusent de leur pouvoir pour les endoctriner dans l'idéologie socialiste", lance-t-il à la quarantaine d'étudiants qui assistent à sa présentation.
L'avocat est particulièrement friand des "zones de liberté d'expression" délimitées par les universités, ou des permis préalables à tout rassemblement. Il clame 300 victoires devant les tribunaux du pays.
Dans une salle voisine, Micah Pearce, étudiant en dernière année à la Liberty University, institution évangélique renommée, présente les tactiques pour militer efficacement: être présent sur le terrain et pas seulement en ligne, éviter les noms d'oiseaux, inviter des conférenciers conservateurs connus... et filmer toute éventuelle confrontation avec des contre-manifestants, car un peu de buzz ne fait jamais de mal.
"Ils veulent vous faire taire", martèle-t-il.
Depuis la victoire de Donald Trump en novembre, la formule "flocons de neige" fait florès.
Lors des manifestations anti-Trump, sa directrice de campagne Kellyanne Conway a raillé les jeunes effondrés par la défaite d'Hillary Clinton comme des "précieux flocons de neige".
Mais le malaise autour du développement de la culture du politiquement correct se répand à gauche également.
En septembre 2015, le président démocrate Barack Obama avait tancé les étudiants qui cherchent à empêcher des conférenciers provocateurs de s'exprimer.
"Je ne suis pas d'accord avec l'idée que les étudiants doivent être dorlotés et protégés contre des points de vue différents", a-t-il expliqué. "Si vous n'êtes pas d'accord avec quelqu'un, vous devez être capables de débattre avec lui. Vous ne devez pas le faire taire".
Dans les allées de CPAC, les participants refusaient toutefois d'appliquer le terme "flocon de neige" à Donald Trump lui-même, qui se plaint régulièrement sur Twitter de faire l'objet de critiques des médias ou de célébrités comme l'actrice Meryl Streep.
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