Mais dès qu'elle touche le tapis rouge du salon, dont elle sera l'égérie pendant une semaine, Fine suit tranquillement le mouvement de foule et semble s'habituer assez vite aux flashes de la nuée de photographes qui l'attendent vendredi matin.
"Nous l'avons bien préparée à affronter la foule et le bruit", se félicite Cedric Briand, son éleveur, venu de Dresny, en Loire Atlantique, avec cette bretonne de petite taille.
Aussitôt installée à la place d'honneur qui lui est réservée, dans un box individuel tout en bois, la vache se met d'ailleurs immédiatement à mâchonner du foin. "Un signe qui ne trompe pas, lorsqu'elle est tendue, ça lui coupe l'appétit", dit M. Briand.
Sa race, la Bretonne Pie Noir, est à l'honneur pour la première fois au salon qui ouvre ses portes samedi à Paris. Et tout l'ouest de la France, grande région d'élevage, avec elle.
"Nous en sommes très fiers, cette race de vache a failli disparaître dans les années 70 car on jugeait alors qu'elle ne produisait ni assez de lait ni assez de viande", explique à l'AFP M. Briand, en soulignant que la reproduction de l'espèce a été permise par quelques "lanceurs d'alerte" de l'époque.
Les vaches comme Fine ne produisent en effet guère plus de 3.000 litres de lait par an, au lieu des 6 à 7.000 attendus d'une Prim Holstein, première race de vache laitière en France.
"Cette vache représente la mixité d'une race, elle produit du très bon lait et de la viande de bonne qualité que nous valorisons en vente directe car nous croyons aux circuits courts", ajoute M. Briand.
"Avec mes associés, nous ne sommes ni atypiques, ni marginaux ni alternatifs, simplement nous croyons à l'agro-écologie et cette vache amène une cohérence à nos valeurs car elle préserve la diversité, elle est vertueuse pour l'environnement, son lait est riche et fromageable et la commercialisation directe crée du lien social", ajoute-t-il.
Un peu fatiguée
Vendredi matin, Fine, qui aura sept ans le 9 mars et n'est jamais sortie de son exploitation, montre quand même un signe de stress: moins de lait que d'habitude, 6,6 litres. D'ordinaire, c'est un peu plus. Mais le voyage l'a un peu fatiguée.
Dans les stands de traite, gérés par des étudiants d'écoles d'agriculture de Bretagne, d'autres vaches, fraîchement débarquées des quatre coins de France, sont alignées.
"Hier soir, on a dû jeter pas mal de lait, il contenait un niveau trop élevé de globules blancs et était impropre à la consommation, c'est normal après un voyage, aujourd'hui tout rentre dans l'ordre", note une des étudiantes de BTS agricole, chargée d'assister les éleveurs dans les opérations de traite, deux fois par jour.
Voisin de Fine, sur le stand d'à côté, le taureau Joyeux de race Salers, 1,1 tonne sur la balance, considère l'attroupement médiatique d'un oeil placide.
Anthony Douhet, 30 ans, son éleveur venu de Cheylade, dans le Cantal, est lui aussi venu "faire la promotion de la race" au salon. "C'est la première fois", dit-il. "Oui, nous sommes très fiers et aussi de faire la promotion de notre métier".
Anthony n'a "jamais entendu parler" des vaches Bretonne Pie Noir. Le salon de l'Agriculture, plus grande ferme de France destinée à faire découvrir le monde agricole aux citadins, sert aussi aux éleveurs des régions à se rencontrer.
D'ailleurs au bar des éleveurs, races de vaches et éleveurs sont confondus, au moins dans le vocabulaire. "Les Montbéliard, les Holstein, les Limousin et les Salers sont déjà arrivées, nous attendons les autres", confie à l'AFP le patron du bar, Thierry Perbet, traiteur à Aurillac dans le Cantal.
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