Le surintendant des finances de Louis XIV est cité en exemple pour illustrer un thème récurrent de l'actualité brésilienne: la corruption.
Accusé d'avoir détourné des fortunes et arrêté à la demande du Roi Soleil, son histoire sera racontée lundi lors du défilé de l'école de Samba Sao Clemente, avec pour titre "Onisuaquimalipanse", une contraction farfelue de l'expression "Honni soit qui mal y pense".
Le défilé promet de briller de mille feux, avec le faste de Versailles recréé sur des chars, y compris les jardins de Le Nôtre.
"C'est une thème amusant et opportun parce ce que ce n'est pas d'hier que les hommes politiques sont corrompus", explique à l'AFP la directrice artistique Rosa Magalhaes, qui a aussi mis en scène la cérémonie de clôture des jeux Olympiques de Rio.
Une façon de rappeler le méga-scandale Petrobras, avec des dizaines de dirigeants d'entreprises politiciens de tous bords sous les verrous pour avoir détourné des millions de dollars de la compagnie pétrolière d'État via un vaste réseau de pots-de-vins.
Autre cible du carnaval de Rio : les pontes de l'agrobusiness. L'école de samba Imperatriz Leopoldinense a pour thème les tribus du Xingu, menacées par la déforestation, les pesticides et la construction d'une grande centrale hydraulique.
"Le coeur du Brésil saigne / le monstre (la centrale) vole la terre de tes enfants / dévore la jungle et assèche les fleuves" : les paroles, chantées à l'unisson par les 3.000 membres de l'école lors du défilé, sont sans équivoque.
La polémique s'est invitée jusqu'au Parlement, où un sénateur connu pour ses positions en faveur de l'industrie agricole a demandé à ouvrir une enquête sur les sponsors d'Imperatriz.
Une des écoles de samba les plus traditionnelles, Mangueira, a choisi pour sa part de parler de diversité religieuse, plus particulièrement les cultes afro-brésiliens.
Un thème polémique pour le premier carnaval du mandat du nouveau maire Marcelo Crivella, pasteur évangélique, critiqué pour ses prises de position contre ces croyances.
Dilma Rouseff ne fait pas recette
Le carnaval de 2017 sera aussi le premier depuis la destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff, remplacé par le conservateur Michel Temer.
Ce dernier est en ligne de mire d'un groupe de carnaval de rue au nom éloquent : "Fora Temer (dehors Temer)".
Née d'une conversation informelle entre amis syndicalistes, l'initiative a pris corps sur Facebook, avec une page illustrée par une photo du chef d'État grimé en clown. Plus de 6.000 personnes ont confirmé leur présence lors du défilé.
"Les habitants de Rio ont l'habitude de dire que l'année ne commence vraiment qu'après le carnaval, mais nous avons le devoir de manifester parce que le gouvernement n'attend pas le carnaval pour passer ses mesures d'austérité", s'insurge Duda Quiroga, une des fondatrices du groupe.
Dilma Rousseff, elle, aurait dû avoir un défilé en son hommage, mais les organisateurs ont jeté l'éponge: leur campagne de financement participatif en ligne n'a permis d'amasser qu'une vingtaine de dollars en deux mois.
La contestation s'invite aussi dans les déguisements. Le carnaval de rue, dont les défilés ont déjà commencé il y a trois semaines, a déjà montré des trésors de créativité qui donnent le ton de la fête.
Ainsi, plusieurs groupes d'amis ont matérialisé le "mur de Trump", en déambulant dans les rues de Rio en sombrero, retranchés derrière un drap sur lesquelles ont été peints des dessins de briques.
Des hommes déguisés en "Beyoncé enceinte" ont aussi fait fureur, en allusion à la photo polémique de la chanteuse américaine qui a annoncé sur les réseaux sociaux qu'elle attendait des jumeaux.
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