L'établissement pénitentiaire est le premier en France à avoir mis en place cette expérimentation, initiée en Espagne dès 2001 et qui s'est depuis étendue à 67 sites de la péninsule ibérique.
A Mont-de-Marsan, en seulement deux ans, "Respect" a enrayé la violence et redonné le sourire aux détenus comme aux surveillants.
"Ca nous responsabilise", se réjouit Christophe, un détenu qui s'est engagé dans le cadre de "Respect" à nettoyer les parties communes, distribuer les repas, faire 25 heures d'activités par semaine. Et surtout à respecter les autres, prisonniers comme personnel pénitentiaire.
"Aujourd'hui, les agents tenaient à vous féliciter pour votre comportement", annonce solennellement la Commission technique du module à Christophe, qui donne aussi à ses camarades des cours de tai-chi-chuan, un art martial chinois.
Détention de stupéfiants ou de téléphone portable, problèmes au parloir: tous ne sont pas aussi irréprochables et la Commission hebdomadaire de la Maison d'arrêt prononce assez souvent des exclusions.
Un jeune homme se présente dans la salle aux murs jaunes et verts. Il a eu quatre points en moins en janvier: un autre faux pas et c'est le retour en détention classique. "Avant, je me battais sans arrêt. Maintenant, je ne le fais plus. C'est mon avenir de rester là!", plaide le détenu, venu s'expliquer sur une absence au service scolaire et le fait qu'il ne se soit pas levé un matin.
Depuis la mise en place de "Respect" en janvier 2015 à Mont-de-Marsan, il n'y a eu qu'une bagarre - au début de l'expérience - "aucune violence envers le personnel", relève Lionel, un surveillant. Ce sont les détenus eux-mêmes qui gèrent leurs conflits en présence du personnel. "Respect" a également des conséquences sur les autres bâtiments où la violence a diminué, affirme la Directrice d'établissement, Christelle Drouet.
Humanisé
A la Maison d'arrêt, où les prisonniers passent normalement 22 heures sur 24 dans leur cellule de 9m2, "Respect" a tout changé. Ils peuvent circuler dans les couloirs et les cours extérieures de 7h30 à 18h, avec une heure en cellule le midi pour pouvoir compter les détenus.
"On ne vient pas la boule au ventre", souligne ce surveillant, qui ne retournerait pour rien au monde en détention classique.
"C'est une façon complètement différente de travailler, ce n'est pas juste ouvrir et fermer des portes et d'avoir le côté répressif. Là, c'est vraiment le côté d'accompagnement du détenu pour la sortie et pour éviter de la récidive", explique Lionel.
Un détenu qui donne des cours d'anglais le confirme: "ici au moins, j'ai l'impression qu'on est plus humanisé, ça fait moins chenil. On nous fait confiance". "Il faut passer par la détention classique" pour comprendre que ça se mérite, renchérit un de ses élèves.
"Ce n'est pas non plus le Club Med, même si les détenus ont plus d'autonomie et plus de liberté dans leurs mouvements", nuance Jean-Marie Vidal, chef du bâtiment du module. "Ils doivent quand même nous rendre des comptes: être actifs, être respectueux, suivre ce qu'on leur demande, ce ne sont pas des choses simples pour la population pénale".
C'est pourquoi "Respect" ne peut convenir à tous: outre ceux écartés pour des raisons de sécurité, certains ne veulent pas se lever le matin ou participer à la vie communautaire, constatent des surveillants.
En France, où un cahier des charges est en cours d'élaboration pour unifier les pratiques, cinq prisons (Mont-de-Marsan, Neuvic-sur-l'Isle en Dordogne, Beauvais dans l'Oise, Riom dans le Puy-de-Dôme et Villepinte en Seine-Saint-Denis) sont pour le moment recensées et 25% de leur population carcérale participent à ce module. Chaque mois, Mont-de-Marsan reçoit du personnel pénitentiaire séduit par "Respect", qui pourrait faire des petits... jusqu'à Tahiti.
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