"Vous avez l'opportunité et la responsabilité historique de mettre fin à un conflit sanglant", a insisté l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura lors d'une cérémonie officielle au Palais des Nations de l'ONU.
"Le peuple syrien attend désespérément la fin de ce conflit, et rêve de sortir enfin de ce cauchemar", a souligné le diplomate italo-suédois, qui s'exprimait devant les délégations du régime de Damas et de l'opposition, face à face dans la grande salle de l'Assemblée.
"Il n'y a pas de solution militaire" au conflit qui va entrer dans quelques jours dans sa septième année, et qui a déjà fait plus de 310.000 morts et des millions de réfugiés, a répété M. de Mistura, tout en reconnaissant qu'il n'attendait "pas de miracles" de cette nouvelle série de négociations.
"Travaillons ensemble", a-t-il exhorté les parties. "Je sais que ce n'est pas facile, il y a beaucoup de tensions (...) mais nous ne savons pas ce qui ce produira si nous échouons encore", a-t-il ajouté, avant d'annoncer que les discussions débuteraient dès jeudi soir.
Il n'a cependant pas précisé si les négociations se feraient en face à face. La tension entre les belligérants est palpable, et les pourparlers peuvent dérailler au moindre incident.
Il s'agit de la quatrième session de discussions depuis le début 2016. Les précédents rounds avaient capoté au bout de quelques jours en raison des violences sur le terrain et du fossé immense séparant les belligérants sur le concept de "transition politique".
"Genève 4" s'ouvre au moment où des rebelles syriens pro-turcs viennent d'annoncer la "libération totale" d'Al-Bab, dernier fief dans le nord de la Syrie du groupe État islamique (EI). Une victoire significative sur le terrain, mais qui ne change pas la donne des discussions de Genève: elles ne portent pas sur la lutte contre l'EI, un groupe exclu du cessez-le-feu en vigueur.
Afin de définir l'agenda et le bon déroulement de "Genève 4", M. de Mistura a rencontré jeudi matin le chef de la délégation du gouvernement syrien, Bachar al-Jaafari. Puis il s'est entretenu avec deux représentants du Haut comité des négociations (HCN) qui rassemble des groupes clés de l'opposition, le cardiologue Nasr al-Hariri, chef des négociateurs, et Yehya Kodmani, chef de la délégation du HCN.
D'autres représentants du Groupe de Moscou et du Groupe du Caire, considérés comme des opposants plus modérés au régime de Damas, devaient être également consultés, mais leur intégration ou non à la délégation de l'opposition pose problème et pourrait freiner les discussions.
Négociations directes ?
Autre inconnue: le format qui sera retenu pour ces discussions, qui les fois précédentes s'étaient tenues dans des salles séparées, avec M. De Mistura dans le rôle d'intermédiaire entre les délégations.
Mercredi soir, le HCN s'est prononcé en faveur de discussions directes, mais la délégation du gouvernement et les autres groupes d'opposition ne se sont pas encore prononcés officiellement.
L'ordre du jour reste également une question très délicate pour le médiateur de l'ONU.
Tout le monde semble d'accord pour discuter d'une "transition politique", prévue dans la résolution 2254 du Conseil de Sécurité qui sert de base aux négociations de paix.
Mais cette expression ne revêt pas la même signification pour le HCN, qui réclame le départ à court terme du président Bachar al-Assad, et pour le régime, qui refuse de discuter du sort du chef de l'État.
Depuis les derniers pourparlers de Genève en avril 2016, la situation sur le terrain en Syrie a bien changé et le HCN n'est plus vraiment en position de force.
Le régime de Damas, appuyé par ses alliés russe et iranien, a repris Alep, fief de l'insurrection dans le nord, et l'opposition ne contrôle plus, selon des estimations, que 13% du territoire.
Sur le terrain, le cessez-le-feu mis en place depuis décembre tient plus ou moins, mais l'opposition accuse l'aviation du régime de bombarder des positions rebelles près de Damas et dans la province de Homs (centre).
En signe de bonne volonté, la Russie, alliée du régime de Damas, a appelé mercredi à la suspension des frappes aériennes syriennes pour toute la durée de "Genève 4".
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