Salade de boulgour, carré de porc accompagné de haricots verts et fricassée de champignons et gâteau à la cacahuète servi avec sa petite mousse au chocolat. Un menu digne d'une bonne table de bistrot. Pourtant, le tout est proposé à seulement 4€ et élaboré exclusivement à partir de produits invendus dans les magasins. Depuis son ouverture il y a deux semaines, c'est ce que propose le restaurant solidaire L'Arc en ciel, à Elbeuf (Seine-Maritime), à l'initiative de Josiane.
Récupérer les invendus des magasins
Après 20 ans à travailler dans le social, cette bénévole ne se voyait pas rester à rien faire après avoir été déclarée inapte au travail. C'est de son expérience avec les personnes isolées et en difficulté que lui est venue l'idée, mais également de son dégoût du gaspillage alimentaire. Chaque semaine, son association récupère des invendus dans les supermarchés des environs. Des produits que Josiane se charge de valoriser avec son équipe pour les proposer aux clients du restaurant ou aux personnes dans le besoin sous forme de repas individuels en barquettes.
"On ne jette qu'un demi sac-poubelle par semaine", confie la responsable des lieux. Ce qui n'est pas consommé au restaurant est revendu à l'épicerie solidaire attenante et même les déchets sont proposés aux gens qui ont des chiens ou des poules à nourrir.
Si Josiane peut faire vivre son restaurant, c'est en grande partie grâce à la loi du 11 février 2016 qui interdit la javellisation des invendus encore propres à la consommation et pousse les supermarchés à créer des conventions avec des associations. Une décision qui permet de réduire fortement les destructions d'aliments et qui fait le bonheur des associations caritatives d'aide aux personnes dans le besoin.
Certains n'ont pas attendu la loi pour donner
Par exemple, les Restos du coeur de la région rouennaise récoltent environ 1 200 kg de nourriture chaque semaine dans chacun de leurs trois centres de collecte. "C'est sûr que cette loi a augmenté le tonnage des récoltes, mais ça ne fait pas tout non plus. On travaillait déjà bien avant ça", rappelle Didier Lagoutte, responsable de l'association.
Une vision que partage l'association L'Autobus, qui vient en aide aux personnes dans la rue en leur proposant des sandwiches et du soutien moral. "Des boulangers nous donnent du pain depuis quatre ou cinq ans, ils n'ont pas attendu la loi, décrit une responsable de l'association. À chaque fois, c'est du plus que l'on peut donner en supplément des sandwiches habituels."
Et les associations ne sont pas toujours obligées de courir après les commerçants pour obtenir les invendus. "Lorsque nous avons repris cette boulangerie, le propriétaire précédent jetait tous les invendus, confie une commerçante de la rue du Général Leclerc, à Rouen. C'est nous qui avons sollicité les Restos du coeur et maintenant ils passent régulièrement. Le système est bien rodé."
Tout ne peut pas être récupéré
"Certaines personnes nous contactent et nous en contactons d'autres. Ça marche des deux côtés", confirme Didier Lagoutte. Pour autant, le responsable des Restos rappelle que l'association n'a pas vocation à récupérer tous les invendus. "Par exemple, on ne peut pas prendre les crustacés, les poissons, les steaks hachés ou les produits dont la date est passée."
Si les entreprises privées font des efforts, les collectivités tentent de leur emboîter le pas. À la cuisine centrale de Rouen, qui fournit près de 7 000 repas par jour dans les écoles, Dominique Maupin "travaille pour limiter le gâchis". Le directeur de la structure admet que chez les enfants le gaspillage peut être important, et c'est pourquoi il réfléchit à un moyen "de donner les restes à des associations pour qu'ils soient redistribués". Du restaurant de Josiane jusqu'aux enfants dans les cantines, pour limiter le gaspillage de nourriture, tout le monde fait des efforts à son échelle.
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