Se présenter, soutenir M. Macron ou rester au-dessus de la mêlée, sans exprimer de choix à ce stade: le président du MoDem fera à 16H30, au siège de son parti à Paris, une allocution d'une demi-heure suivie de questions/réponses avec la presse.
Un cadre qui tranche nettement avec celui des présidentielles de 2002 et 2007, où il avait présenté sa candidature depuis son Béarn natal, et qui rappelle plutôt sa déclaration de l'entre-deux-tours de 2012, quand il avait annoncé qu'il voterait François Hollande face à Nicolas Sarkozy.
Son choix est un secret jalousement gardé: l'intéressé refuse de donner de réelles indications et plusieurs proches jurent qu'ils ne sont pas dans la confidence. "Seule Marielle de Sarnez", proche parmi les proches, "sait exactement ce qu'il va dire", affirme un élu MoDem.
Une chose est sûre: sa décision, à laquelle il a beaucoup réfléchi depuis décembre, est arrêtée depuis la semaine dernière.
Bien entendu, celui qui a toujours rêvé d'être président de la République -François Mitterrand lui avait d'ailleurs prédit un destin élyséen- et s'est déjà lancé à trois reprises, avec des fortunes diverses (6,8% en 2002, 18,6% en 2007 et 9,1% en 2012), se verrait bien mener une nouvelle campagne présidentielle.
Dès décembre, François Bayrou, qui garde l'espoir de faire revivre "un centre digne de ce nom", se disait que le programme "ultralibéral" et "droitier" de François Fillon lui ouvrait un vrai espace, après la défaite d'Alain Juppé à qui il avait apporté son soutien.
Les déboires judiciaires du vainqueur de la primaire l'ont renforcé dans l'idée qu'il ne pourrait jamais s'allier avec lui.
Quant aux récents faux pas d'Emmanuel Macron, ils l'ont aussi poussé à s'interroger sur la solidité du candidat d'En Marche!
Tandem Macron-Bayrou contre Fillon ?
"S'il ne tenait qu'à moi, bien sûr, j'irais, à la seconde. Mais le danger que représente Marine Le Pen, qui peut réellement gagner cette élection, me pose un cas de conscience", confiait-il récemment en petit comité.
M. Bayrou, qui fêtera ses 66 ans en mai, se dit aussi qu'il aura du mal à faire rimer quatrième candidature avec renouveau et qu'il pourrait faire les frais du climat "dégagiste" ambiant, qui a déjà balayé Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande et Manuel Valls.
Plus prosaïquement, bon nombre de ses troupes sont déjà passées dans le camp Macron. "S'il y va, ce serait absurde car tout ce dont il avait rêvé et justifiait sa candidature en 2007 et 2012, aujourd'hui, Emmanuel Macron est en position de le réaliser", affirme un de ces centristes convertis à En Marche!
Ces derniers temps, M. Bayrou a nettement adouci son discours sur Emmanuel Macron, qu'il dépeignait en septembre comme "le candidat des forces de l'argent". Après un dîner en juillet, les deux hommes se sont vus en milieu de semaine dernière.
M. Bayrou est ressorti de l'entretien en se disant qu'il pourrait apporter, sous conditions, son soutien au trentenaire - en obtenant notamment des engagements sur la moralisation de la vie publique - et former un tandem redoutable face à François Fillon.
Alors que beaucoup s'interrogent sur la jeunesse d'Emmanuel Macron et son passé de banquier chez Rothschild, "Bayrou peut lui apporter son expérience et sa caution d'honnête homme", note un proche.
Dans son récent livre "Résolution française", qui rappelle, à la lettre près, le "Révolution" de M. Macron, le maire de Pau tient un discours qui fait écho au credo transpartisan de l'ex-ministre de l'Économie: "Gauche et droite sont des ensembles sinon vides, du moins largement épuisés", dit-il en plaidant pour l'avènement d'"un homme libéré de la dépendance des appareils".
"J'espère que François Bayrou prendra la bonne position et qu'il dira qu'il va soutenir Emmanuel Macron", l'a exhorté mardi le maire PS de Lyon, Gérard Collomb, proche du candidat.
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