C'aura été le scandale de trop pour ce journaliste britannique de 32 ans, l'une des faces les plus flamboyantes de l'"alt-right", le mouvement anti-politiquement correct, pro-blanc et pro-Trump que défend Breitbart News. Un site célèbre dans le monde entier depuis que son ancien patron, Steve Bannon, est devenu l'un des plus proches conseillers de Donald Trump.
Après 24 heures qu'il a qualifiées d'"humiliantes", le Britannique, lunettes noires, costume bleu et cravate rouge, a fini par jeter l'éponge et annoncer sa démission "avec effet immédiat".
Lors d'un point presse à New York, il a affirmé ne pas vouloir laisser son "mauvais choix de mots" nuire "à l'important journalisme fait par (ses) collègues".
La chute de cet homosexuel revendiqué, coutumier des déclarations incendiaires contre les musulmans, les immigrés ou les droits des femmes et banni de Twitter en juillet dernier après avoir encouragé les attaques contre l'actrice noire Leslie Jones, est l'aboutissement du tollé suscité ce week-end par la diffusion de propos qu'il avait tenus sur la pédophilie.
Le terme de pédophilie, a-t-il ainsi assuré, ne devrait valoir que pour une attirance pour les moins de 13 ans, "les enfants qui n'ont pas atteint la puberté".
Ces déclarations - "qui datent de plus d'un an" et que "personne ne lui avait reprochées" jusqu'ici, a-t-il souligné - lui avaient valu dès lundi l'annulation d'une intervention qu'il devait faire vendredi à un grand rendez-vous annuel des conservateurs organisé par l'American Conservative Union.
'Humour noir'
Après avoir résisté à des semaines de controverse, son éditeur, Simon and Schuster, avait aussi annoncé qu'il renonçait à publier un livre autobiographique de Yiannopoulos à paraître en juin, "Dangerous".
Et en fin de matinée mardi, son patron, le rédacteur en chef de Breitbart News Alexander Marlow, en qui Yiannopoulos voit "l'un des rédacteurs en chef les plus doués de sa génération", le poussait vers la sortie en qualifiant ses propos d'"indéfendables".
En conférence de presse, Yiannopoulos s'est excusé pour ses déclarations, tout en les justifiant par sa propre expérience: il a expliqué avoit été lui-même agressé sexuellement lorsqu'il était adolescent, et n'avoir jamais voulu défendre la pédophilie ni abaisser l'âge légal du consentement pour les relations sexuelles.
"Ma propre expérience de victime m'a laissé penser que je pouvais dire tout ce que je voulais sur ce sujet, aussi scandaleux que ce soit", a-t-il déclaré. "Mais je comprends que mon mélange traditionnel d'ironie britannique, de provocation et d'humour noir ait pu passer pour de la désinvolture, un manque de considération pour les victimes voire du +militantisme+. Je le regrette profondément, chacun fait face à son passé à sa façon", a-t-il ajouté.
'Chasse aux sorcières'
Pour le reste, à savoir toutes ses autres diatribes racistes ou discriminatoires, Yiannopoulos ne regrette rien.
Dénonçant une "chasse aux sorcières" de médias qui n'avaient "d'autre objectif que de le faire tomber", il se veut un "fier combattant de la liberté d'expression".
Il se targue aussi de "bien comprendre ce pays" et la "révolution populiste, nationaliste en cours", contrairement à "la plupart des journalistes". Comme le prouve selon lui l'élection de Donald Trump, qu'il appelait "papa" pendant la campagne électorale.
Et il entend bien continuer, même sans Breitbart, à faire un travail d'"amusemeur et d'éducateur", à "faire des blagues sur les sujets les plus tabous" sans jamais plus "avoir à s'excuser" - dans le style toujours sulfureux qui a fait sa notoriété.
Car Yiannopoulos est depuis longtemps un habitué du scandale, et Breitbart News comme la Maison Blanche n'y avaient, jusqu'à cette histoire de pédophilie, rien trouvé à redire. Au contraire.
Lorsque la très progressiste université de Berkeley avait annulé début février une conférence qu'il devait donner après de violentes manifestations contre sa venue, le président américain avait même menacé de couper les fonds fédéraux de l'Université, l'accusant de ne pas respecter la liberté d'expression.
Et jusqu'à samedi, l'American Conservative Union défendait elle aussi sa venue à sa conférence annuelle, aux côtés du vice-président Mike Pence ou du fils de l'ex-président Ronald Reagan.
Tout en se disant "consciente de la controverse" que sa venue pouvait provoquer, l'organisation s'est dite "capable de relever ce défi à un moment où le politiquement correct est à juste titre rejeté".
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