"J'ai voulu placer la santé au coeur de mon projet. Ca m'a valu d'être caricaturé, d'être dénoncé comme le chantre de la privatisation de la Sécurité sociale et le faux-nez des assureurs privés", a lancé le candidat de la droite en ouverture de son "grand oral" organisé mardi à Paris par La Mutualité française, auquel étaient également conviés les autres candidats.
"Nos compatriotes sont attachés à notre système de santé et d'assurance-maladie mais ils sont inquiets pour son avenir", a poursuivi l'ex-Premier ministre en présentant un plan santé "rebâti, enrichi, amélioré" dont l'objectif affiché reste le même: "ramener l'assurance-maladie à l'équilibre d'ici à 2022 en faisant 20 milliards d'économies en cinq ans".
M. Fillon, qui organisera s'il est élu "des assises de notre système de santé" fin 2017 ou début 2018, assure que "le niveau de prise en charge des dépenses" par l'assurance-maladie "ne diminuera pas" et "pose l'objectif d'ici à 2022 d'un reste à charge 0 pour les dépenses les plus coûteuses grâce à un nouveau partenariat entre la Sécurité sociale et les organismes complémentaires".
Parmi les mesures qu'il propose figurent la mise en place d'une Agence de garantie de la couverture solidaire des dépenses de santé, un grand plan santé à l'école, la prise en charge "à 100%" des lunettes pour enfants "dès 2017", "une consultation de prévention longue et gratuite tous les deux ans, pour tous les Français", ou encore une augmentation des "aides à l'acquisition d'une complémentaire santé" pour les retraités "les plus modestes".
M. Fillon réaffirme sa volonté de supprimer la généralisation du tiers-payant mis en place par le gouvernement socialiste, qu'il rend également responsable du "profond malaise" des professionnels de santé. "Depuis cinq ans, il a mené une étatisation rampante de la médecine libérale et stigmatisé l'hospitalisation privée", accuse-t-il.
"Le flou jeté sur la peinture ne masque en rien le tableau d'ensemble. L'objectif reste le même: dérembourser", a tweeté mardi matin la ministre de la Santé Marisol Touraine. Elle accuse également le candidat de la droite de vouloir réaliser 20 milliards d'économies par "un transfert de la sécu au privé".
"On n'a pas été bons"
Quid des suppressions de postes à l'hôpital, alors qu'il en prône 500.000 sur l'ensemble des emplois publics ? "Ca ne doit évidemment pas toucher les soignants" mais "être principalement sur les fonctions administratives", a répondu M. Fillon mardi.
Les critiques contre le plan santé de l'ex-Premier ministre avaient commencé à fuser dès l'entre-deux-tours de la primaire, initiées par son rival d'alors, Alain Juppé. En cause: le projet de M. Fillon de "focaliser l'assurance publique universelle sur des affections graves ou de longue durée, et l'assurance privée sur le reste".
Devant le tollé à gauche - mais aussi à droite (Bernard Accoyer notamment avait parlé de "clarifications nécessaires") - M. Fillon l'avait retiré de son site internet le 13 décembre. "On n'a pas été bons, on n'a pas été clairs dans nos propositions", admettait-il le 11 janvier.
Ces propositions de rattrapage interviennent dans un climat délicat pour le candidat, empêtré depuis plus de trois semaines dans les emplois présumés fictifs de son épouse, une affaire révélée par Le Canard enchaîné.
"Il n'y a pas d'emplois fictifs" et "si les Français me font confiance, je mettrai en oeuvre mon programme", promet M. Fillon, qui a consacré la semaine dernière à décliner ses propositions en matière de sécurité, prônant notamment d'abaisser la majorité pénale à 16 ans.
De son côté, Alain Juppé a averti le candidat qu'il devait "prendre davantage en compte les attentes de tous les électeurs de la droite et du centre", y compris ceux ayant voté pour lui lors de la primaire. Ses soutiens se réunissent mardi.
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