Claustrophobes s'abstenir ! A 14h00, devant le public et les médias, les deux moitiés du rocher installé au Palais de Tokyo se refermeront sur le performeur.
L'artiste a déjà passé une semaine sur une plate-forme à 20 m au dessus du sol, traversé les Alpes-de-Haute Provence en poussant un cylindre qui était à la fois un abri et un appareil photo. Il a aussi vécu deux semaines à l'intérieur d'un ours naturalisé et remonté le Rhône à bord d'une bouteille géante (6 m de long).
Son nouveau "refuge" a la forme, légèrement agrandie, de sa silhouette assise. Il n'est relié à l'extérieur que par un conduit de ventilation percé à travers la pierre et par un téléphone de secours. Un appareil transmettra son rythme cardiaque. Côté nourriture, un peu de viande séchée et des briques de liquide.
"Il s'agit d'éprouver le temps du rocher", explique Abraham Poincheval, né en 1972, qui reconnaît la "dimension mystique" de ce type d'expérience. Il s'est déjà enterré sous une pierre d'une tonne.
Plus que d'exploit, estime le président du Palais de Tokyo, Jean de Loisy, il faut parler d'"exploration intérieure", de "possibilité de vie dans d'autres règnes que le nôtre".
Si Poincheval a toujours été jusqu'au bout de ses performances, la sortie reste un moment délicat, marquée par une "journée de déprime", de "grands troubles intérieurs". "Il faut plusieurs semaines pour retrouver son temps propre", parfois plusieurs mois, confie ce père de deux jeunes enfants.
Une fois sorti de son rocher, Abraham Poincheval n'en aura pas fini avec le Palais de Tokyo qui expose ses sculptures, des aquarelles et des dessins de préparation de ses performances. Le 29 mars, il entamera la couvaison d'une dizaines d'oeufs de poule, "son premier travail avec du vivant".
26 jours impassible sous un caparaçon en essayant de maintenir une température moyenne de 37 degrés, le tout filmé en vidéo 24h sur 24.
En espérant l'éclosion de quelques poussins - "ils iront chez mes parents" -, Poincheval pourra penser à son grand rêve : "marcher sur les nuages". "Cela fait cinq ans que j'y travaille, dit-il, mais ce n'est pas encore au point".
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