La telenovela de TV Record, filmée dans ce décor grandiose, s'intitule "Le riche et Lazare", du nom d'une célèbre parabole de l'évangile selon Saint Luc, mais de nombreux passages de l'Ancien Testament ont aussi servi d'inspiration aux scénaristes.
Le premier épisode sera diffusé en mars sur la chaîne de télévision détenue par le pasteur controversé Edir Macedo, de l'Eglise universelle du règne de Dieu.
Pour la scène du couronnement de Nabuchodonosor II, le palais de Babylone est reconstitué avec de grands sphinx mésopotamiens et des colonnes aux dorures somptueuses.
Pendant que des assistantes en tongs donnent une dernière touche au maquillage d'acteurs aux corps d'athlètes, une vingtaine de techniciens testent les rails pour le travelling.
Une cinquantaine de figurants portant des tuniques prennent position, suivant à la lettre les instructions des réalisateurs.
Même si certaines scènes sont recréées avec des animations 3D, la plupart sont tournées dans ces studios pharaoniques de 41.000 mètres carrés situés dans un quartier périphérique à l'ouest de Rio de Janeiro.
"En 27 ans de métier, je n'ai jamais vu de tels décors. Le projet est très audacieux et avoir la Bible comme scénario, c'est fantastique", s'enthousiasme le réalisateur Edgard Miranda.
Passion nationale
Au Brésil, les telenovelas sont une passion nationale, au même titre que le football.
Le marché est traditionnellement dominé par TV Globo, la première chaîne de télévision du pays, qui possède aussi des studios gigantesques -à quelques kilomètres de ceux de Record- et a misé dernièrement sur des sujets de société sensibles, montrant notamment à l'antenne de plus en plus de couples homosexuels.
Une tendance qui a froissé les milieux conservateurs et poussé Record à investir dans la niche des thèmes bibliques.
Des personnages fictifs sont créés pour donner la réplique aux prophètes, le tout romancé à l'extrême, avec des intrigues qui sont la marque de fabrique des telenovelas traditionnelles.
"Ce sont des histoires qui se sont déroulées 600 ans avant Jésus Christ, mais qui parlent de conflits très actuels. Record est parvenu a remettre la famille brésilienne devant la télé", affirme le réalisateur de 44 ans, formé à l'école Globo.
Les premières mini-séries religieuses ont commencé à être produites il y a six ans, avec un budget plus modeste, pour diversifier une grille de programmes pratiquement monopolisée par les émissions religieuses évangéliques diffusées en direct.
En 2015, ils sont passé à la vitesse supérieure, avec "Les Dix Commandements", un succès vertigineux qui a même relégué Globo en deuxième position des audiences à l'occasion de certains épisodes, notamment celui de la traversée de la Mer Rouge.
Poussée évangélique
Après "Terre Promise", suite de la première telenovela du genre sur la chaîne, "Le riche et Lazare" pose des questions morales.
On y "parle de préceptes de conduite éthique qui se doivent d'être rappelés. Les gens sont lassés de ce quotidien si agressif, si grossier, où rien ni personne n'est respecté", explique l'acteur Cassius Scapin, qui interprète un prêtre corrompu.
Après être sortie pratiquement indemne de controverses ayant visé Edir Macedo, accusé d'extorquer ses fidèles, Record ne lésine pas avec les moyens pour alimenter sa nouvelle poule aux oeufs d'or.
Les 150 épisodes coûtent en moyenne 230.000 dollars chacun et des scènes des "Dix Commandements" ont été tournées en Israël ou en Angola.
Mais si le nombre des catholiques reste au Brésil le plus élevé au monde, l'influence des églises néo-pentecôtistes ne cesse d'y croître. Ainsi, en octobre, Marcelo Crivella, neveu d'Edir Macedo, a été élu maire de Rio de Janeiro.
"Avec une telenovela évangélique, même les non croyants s'émeuvent en voyant des gens qui disent 'Dieu existe, Dieu est tout-puissant'. Après, ils peuvent se rendre dans un temple", affirme Robespierre Costa, un figurant de 62 ans qui s'est converti à la foi évangélique il y a une vingtaine d'années.
Selon Nilson Xavier, auteur de l'"Alamanach de la telenovela brésilienne", cette poussée évangélique n'explique pas à elle seule le succès des superproductions de Record.
"Qu'elles aient ou non pour objectif d'endoctriner les gens, elles constituent un produit différent, de grande qualité, qui attire les annonceurs", résume-t-il.
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