En l'absence du charismatique mais polémique Correa, le scrutin s'annonce le plus serré de l'histoire récente de ce pays andin, producteur de pétrole, dont l'économie dollarisée est affectée par la chute du brut et la hausse du billet vert.
La crise a généré un profond mécontentement des classes moyennes, lasses aussi de la confrontation du président sortant avec les milieux d'affaires, les indigènes, les défenseurs de l'environnement ou les médias.
Les Equatoriens vont devoir décider de poursuivre la "Révolution citoyenne" de Correa, jusqu'alors considéré comme héritier du leadership latino-américain du Vénézuélien Hugo Chavez, ou de prendre un virage conservateur, à l'image de l'Argentine, du Brésil et du Pérou.
L'issue devrait se jouer entre le favori des sondages, l'ex vice-président Lenin Moreno, candidat d'Alliance Pays (AP, au pouvoir), et l'ancien banquier Guillermo Lasso, principal leader de la droite sous l'étiquette du mouvement Créant des opportunités (Creo - "Je crois").
"Le peuple équatorien (...) est décidé à continuer avec un processus qui ne sera pas stoppé", a toutefois assuré à l'AFP Lenin Moreno, 64 ans, qui a clôturé sa campagne jeudi à Guayaquil (sud-ouest), capitale économique du pays.
Un second tour ?
De son côté, Guillermo Lasso, 61 ans, a dit à l'AFP avoir "la certitude qu'il va y avoir un second tour". "Nous allons gagner", a-t-il lancé lors de son dernier meeting.
L'ex-banquier a appelé à "voter pour le changement afin de lutter contre la corruption", affirmant que le gouvernement "ne veut pas que nous sachions qui sont les bénéficiaires des pots-de-vin d'Odebrecht".
Dans le cadre de l'enquête sur ce scandale, la justice américaine a révélé que le groupe de construction brésilien avait payé environ 33,5 millions de dollars entre 2007 et 2016 à des fonctionnaires en Equateur.
Personne n'est encore inculpé et le gouvernement a averti qu'il n'admettrait pas d'accusations "sans preuve", M. Correa estimant qu'elles ne sont que "les distorsions qui surgissent toujours en période électorale".
Un ex-ministre, Carlos Pareja, est toutefois mis en cause pour une autre affaire impliquant l'entreprise pétrolière publique Petroecuador, où a été mentionné le nom du vice-président Jorge Glas, candidat à sa réélection.
M. Lasso s'est par ailleurs dit prêt, s'il est élu, à retirer l'asile à Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks réfugié à l'ambassade équatorienne à Londres depuis 2012.
"Dans le cadre des droits humains et du droit international, nous ferons en sorte que M. Assange quitte l'ambassade (...) dans un délai de 30 jours après le début de notre gouvernement", a-t-il affirmé à l'AFP.
Taux élevé d'indécis
Quelque 12,8 millions d'électeurs doivent désigner le chef de l'Etat, ainsi que le vice-président, 137 députés et cinq représentants au Parlement andin, en présence de 224 observateurs internationaux.
Pour l'emporter au premier tour, le successeur de M. Correa doit recueillir au moins 40% des voix, avec dix points d'avance sur le suivant.
Lenin Moreno recueille 32,3% des intentions de vote, selon l'institut Cedatos, suivi de Guillermo Lasso (21,5%), de l'ex-députée de droite Cynthia Viteri (14%) et de l'ancien maire de gauche de Quito, Paco Moncayo (7,7%).
Mais le nombre d'indécis n'a jamais été aussi élevé, de 30 à 35%. Un second tour pourrait donc avoir lieu le 2 avril, pour la première fois depuis 2009 et la deuxième des trois élections de M. Correa.
"Il n'y a jamais eu autant d'incertitude", a déclaré à l'AFP Franklin Ramirez, politologue de la Faculté latinoaméricaine de sciences sociales (Flacso), qui déplore "le faible enthousiasme, la distanciation et le mécontentement, dus pour beaucoup à des candidats plutôt insipides".
Les bureaux de vote doivent ouvrir de 07H00 (12H00 GMT) à 17H00 (22H00 GMT). Les premiers décomptes officiels sont attendus à partir de 20H00 (01H00 GMT lundi).
Selon M. Correa, qui a utilisé la manne pétrolière pour redistribuer les richesses et moderniser les infrastructures, "ce qui est en jeu: ce sont deux visions de la société, deux visions du développement, deux visions de l'Etat".
Cet économiste de 53 ans a toutefois décidé se retirer pour s'installer en Belgique, pays de sa femme, et se consacrer à l'enseignement.
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