Entre critiques sur son programme trop flou et sur les contradictions de ses discours, le candidat "et de gauche et de droite" voit s'accentuer ses attaques contre cette stratégie tous azimuts.
Pour son rival socialiste Benoît Hamon, "courir plusieurs lièvres électoraux à la fois vous amène à tenir des propos confus, indécis, finalement assez troubles". "A force de faire le grand écart, on se fait mal", persifle un ténor de droite.
Venu vendredi dans le Vaucluse présenter son programme en matière de sécurité en terre FN, le jeune candidat d'En Marche, en bonne position selon certains sondages pour accéder au second tour de la présidentielle en raison notamment de l'affaire d'emplois présumés fictifs handicapant François Fillon, s'est défendu de ce procès en incohérence.
"Ce n'est pas un grand écart de vouloir donner une place à chacun (...) La société française est faite de beaucoup de grands écarts et donc, il faut parler à tout le monde", a plaidé l'ancien ministre de l'Economie.
S'il prône désormais la "tolérance zéro" à l'égard de la délinquance, il envisageait dans son livre "Révolution" que le vol, sauf circonstances aggravantes, ne soit plus passible d'une peine de prison.
Jeudi, M. Macron avait jugé que les opposants au mariage homosexuel avaient été "humiliés" durant le quinquennat. Ses propos ont provoqué un tollé à gauche et chez les associations LGBT, le poussant samedi à faire un mea culpa dans L'Obs en promettant à "la communauté homosexuelle", elle aussi "humiliée", de "toujours trouver en (lui) un défenseur".
Il s'est par ailleurs dit favorable à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples lesbiens, une mesure honnie par "la Manif pour tous".
En qualifiant en début de semaine en Algérie la colonisation de "crime contre l'humanité", le candidat a déclenché une autre polémique qui l'a contraint à s'expliquer, face à l'offensive portée par la droite et le Front national.
Dans un sud-est de la France qui accueille une grande partie des pieds-noirs et de leurs descendants, M. Macron a dû affronter l'émoi de certains d'entre eux, venus l'interpeller vendredi lors de son passage à Carpentras (Vaucluse).
"Le personnage est comme ça"
"Je n'ai pas dit que vous aviez fait un crime contre l'humanité ni que tous les Français qui y étaient avaient commis un crime contre l'humanité", s'est-il défendu lors d'un échange avec deux représentants d'un groupe de manifestants.
Un de ses proches reconnaît "une boulette": "Il voulait dire crime contre l'humain, évidemment". Mais le même juge que "l'ambiguïté" de son patron peut être "sa force". Selon un sondage Ifop publié samedi, les Français sont très partagés sur sa déclaration sur sa colonisation: 51% l'approuvent et 49% ne sont pas d'accord.
"Le personnage est comme ça. Il dit: +Il faut qu'on arrête avec les tabous de droite et gauche+. Il ne s'interdit rien et en plus il le fait avec une vraie sincérité. Le signal qu'il envoie, c'est qu'on change de logiciel", défend un ancien cadre de la droite qui a rallié Macron.
Lors de son précédent grand meeting en date à Lyon, début février, l'ancien ministre de François Hollande avait à la fois rendu hommage au président François Mitterrand et à l'ex-figure du RPR Philippe Séguin.
Devant quelque 2.000 partisans attendus samedi après-midi au Zénith de Toulon, il devrait revenir sur les polémiques de la semaine, selon son entourage.
Selon un sondage Ipsos publié jeudi, Emmanuel Macron recueille 23% des intentions de vote, derrière Marine Le Pen (26%) mais désormais devant François Fillon (18,5%).
Mais son électorat est un des plus volatils, avec un tiers seulement de personnes disant que leur choix est définitif, contre environ 60% pour François Fillon et 75% pour Marine Le Pen. Et d'autres sondages montrent un effritement de sa cote depuis quelques jours...
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