Volubile et pédagogue sans être pesant, le jeune homme svelte aux cheveux bruns taillés courts détaille caméra au poing les mille et une tâches du travail de la terre avec un enthousiasme chaque fois renouvelé et communicatif.
Juché sur son tracteur ou sa moissonneuse, campé devant ses champs ou tronçonneuse à la main, David Forge a pour studio les 168 hectares de l'exploitation familiale sur laquelle il entraîne toutes les semaines les fans de sa "chaîne agricole", diffusée sur YouTube et relayée par le site Wikiagri de la "communauté des agri-décideurs".
"En cumulé, depuis ma premières vidéo en mars 2015, j'en suis à 1,2 million de vues et actuellement, j'ai 100.000 à 150.000 vues par mois", se félicite le paysan youtubeur qui a déjà diffusé environ 120 vidéos.
"Cela montre que l'intérêt dépasse largement mon petit coin de campagne et je serais content que cela continue à progresser", ajoute-t-il avec un large sourire.
Car si l'agriculture, c'est pour lui une affaire de famille sur quatre générations, c'est surtout un choix, et donc une vraie vocation qu'il aime à partager.
Après un bac techno "agronomie et environnement", un BTS de comptabilité et gestion et un séjour en Irlande qui, dit-il, l'a "changé, (lui) a donné une ouverture au monde", David Forge a travaillé deux ans comme comptable, a eu sa propre entreprise de site internet puis a travaillé plus de sept ans au guichet d'une banque...
"Petites histoires courtes"
"Je voulais voir autre chose avant de faire de l'agriculture. Je voulais savoir s'il n'y avait pas mieux à faire", explique-t-il devant un café sur la table de cuisine de la ferme familiale à Saint-Senoch, près de Loches (Indre-et-Loire).
Ses parents - le père prendra sa retraite, officielle, cet été - habitent toujours à la ferme. Isolés au bout d'un chemin dans un paysage aimablement vallonné, les bâtiments anciens autour d'une cour impeccable sont complétés par des hangars métalliques pour abriter les engins modernes.
De sa vie professionnelle antérieure, le jeune agriculteur, célibataire, a conservé un appartement à Tours et "beaucoup d'amis qui ne sont pas du milieu". "Ils me posaient beaucoup de questions sur ma nouvelle profession et, du coup, ça m'a vite trotté dans la tête de montrer ce qui se passait sur l'exploitation".
Il a commencé ainsi à livrer ses "petites histoires courtes, en général une fois par semaine, parfois deux à trois fois", qui lui prennent deux à trois heures entre le tournage et le montage sur son ordinateur.
Sans crainte de se répéter ou de lasser: "il y a toujours quelque chose de nouveau. La météo n'est pas la même, la lumière change... Et puis il y a toujours de nouveaux abonnés qui ne reviennent pas forcément en arrière", explique-t-il.
"Cela rompt totalement l'isolement. J'ai des contacts tous les jours avec des internautes et mes abonnés", s'enthousiasme David Forge, qui se prépare à de nouvelles rencontres, en chair et en os cette fois: au Salon de l'agriculture où il est invité sur le stand de #agridemain avec deux autres paysans vidéastes, Thierry Bailliet et Gilles Van Kempen.
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