A une heure et demie de route de Denver, Eaton, 5.000 habitants, est l'une des villes les plus sûres de cet Etat de l'ouest américain. Elle a voté à plus de 71% pour Donald Trump.
Les habitants de cette commune rurale entourée de fermes d'élevage ont apprécié le franc-parler du candidat républicain, qui promettait de ramener des emplois dans le pays et de "curer le marigot" politique de Washington.
Mais après à peine un mois en fonction, le style du milliardaire populiste inquiète.
"J'espère que Trump va se calmer", dit Gene Smallwood, 80 ans, coiffeur à Eaton depuis 1968 et qui admet être un peu troublé par les attaques répétées du président.
Comme bon nombre d'habitants de l'Amérique rurale qui ont propulsé Donald Trump à la Maison Blanche, M. Smallwood aimerait surtout voir le président honorer ses promesses de ramener des emplois. En revanche, le coiffeur est moins intéressé par le décret anti-immigration qui vise les ressortissants de sept pays à majorité musulmane, qui est d'ailleurs bloqué par la justice actuellement.
Repenser son style
"Je pense qu'il va rendre au peuple. On a vu trop d'usines quitter le pays et il n'y a plus grand chose ici fabriqué en Amérique", estime-t-il.
Pour le maire Kevin Ross, assureur, Donald Trump gère clairement le pays comme une entreprise et il doit repenser son style de management, trop agressif.
"Il bouge à un rythme effréné auquel Washington n'est pas habitué", souligne-t-il. "Quand je prends une décision pour mon entreprise je peux effectuer un changement dès aujourd'hui. M. Trump doit apprendre à se servir des canaux normaux. Ce n'est pas un roi, c'est un président".
John Rohn, épicier en centre-ville, dont les grands-parents sont venus de Russie "par le droit chemin", ne comprend pas de son côté le tapage autour du décret anti-immigration, bloqué par un juge fédéral.
"Tout le monde oublie que ce n'est qu'une interdiction temporaire, pas permanente", note le commerçant de 65 ans.
Lui a voté Donald Trump pour "voir du changement", parce que "ce n'est pas un politicien".
"Je veux lui donner six mois. Tout le monde est en colère après lui pour le moment mais les gens doivent laisser une chance à son équipe. Même si je n'avais pas voté pour Obama je n'étais pas à manifester dans la rue quand il a gagné", ajoute-t-il.
'Tenir ses promesses'
M. Rohn convient toutefois que le nouveau président devrait peut-être résister à la tentation de dire tout ce qui lui passe par la tête: "J'aimerais qu'il arrête de tweeter, ça lui cause plus de problèmes qu'autre chose", dit-il en référence aux nombreuses saillies du magnat de l'immobilier sur le réseau social.
"Tout ce qui sort de sa bouche se retrouve dans les médias. Il dit les choses comme elles sont, mais c'est aussi quelque chose que j'apprécie", estime-t-il encore.
John Rohn reste également partagé concernant les choix de ministres opérés par Donald Trump. Mais, insiste-t-il, ce ne sont pas des politiciens!
La ministre de l'Education Betsy DeVos a été l'une des plus contestées, confirmée d'extrême justesse par le Sénat après des auditions désastreuses. Elle a consacré sa récente carrière à la cause de la privatisation de l'éducation.
"Je suis tout à fait favorable aux écoles privées, mais quand vous commencez à dire: +Vous pouvez prendre votre argent et aller dans l'école de votre choix+..." cela peut pousser des parents mal informés à faire de mauvais choix, regrette Laura Ehrlich, secrétaire de 55 ans.
Malgré cela, elle reste convaincue que M. Trump réussira de grandes choses s'il parvient à bien s'entourer.
"Les gens regardent les résultats", prévient Arland Ball, professeur de dessin retraité de 57 ans. "Trump a intérêt à tenir ses promesses, et le Congrès aussi, sinon eux-mêmes seront à la recherche d'un emploi après les prochaines élections".
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