L'affaire, qui a rebondi ces huit dernières années après avoir été en suspend pendant des décennies, hante le cinéaste lauréat de la Palme d'or de Cannes pour "Le pianiste". Ces dernières semaines, il a ainsi dû renoncer à présider la 42e cérémonie des César sous la pression d'associations féministes.
L'avocat du cinéaste a indiqué jeudi à l'AFP qu'il veut faire appliquer un accord amiable mentionné dans un document sous scellé, selon lequel le procureur de l'époque aurait accepté qu'il ne serve que 48 jours derrières les barreaux pour le viol de Samantha Gailey, 13 ans à l'époque, en 1977.
Polanski a déjà purgé 42 jours dans une prison de Chino en Californie. Son camp affirme que le juge Laurence Rittenband en charge de l'affaire est ensuite revenu sur l'accord, déclarant que le cinéaste devrait passer jusqu'à 50 années derrière les barreaux, ce qui a déclenché sa fuite en Europe.
"Après la confirmation du contenu" de l'accord amiable, ses avocats veulent aussi faire reconnaître une décision de la Cour suprême polonaise qui a mis fin en décembre à la demande d'extradition du cinéaste vers les États-Unis, ont-ils également fait valoir à l'AFP jeudi.
Si le juge Gordon de Los Angeles reconnaît l'accord amiable et le refus d'extradition de la Cour polonaise, "Roman peut venir à Los Angeles et au tribunal sans craindre d'être détenu", souligne Harland Braun.
Le cinéaste franco-polonais est accusé d'avoir drogué, fait prendre de l'alcool et violé Samantha Gailey, aujourd'hui Geimer, le 10 mars 1977 dans une maison de Mulholland Drive appartenant à l'acteur Jack Nicholson.
Il a reconnu une relation sexuelle avec elle mais dément l'avoir violée. Dans l'accord amiable, il reconnaissait une relation sexuelle illégale avec une mineure.
Rattrapé par son passé
Naturalisé français en 1976, Roman Polanski vit en France avec son épouse, l'actrice Emmanuelle Seigner. Il est l'auteur du "Bal des vampires", "Tess", "Chinatown" ou "Rosemary's Baby", et a reçu de nombreux prix à travers le monde. Le cinéaste n'est jamais retourné aux États-Unis depuis sa fuite en 1978, pas même en vue de recevoir l'Oscar du meilleur réalisateur en 2003 pour "le Pianiste".
Roman Polanski a été brutalement rattrapé par son passé 26 septembre 2009. Arrêté à Zurich en vertu d'un mandat international lancé par la justice américaine, il a passé deux mois en prison en Suisse, puis huit mois assigné à résidence dans son chalet à Gstaad.
En juillet 2010, la Suisse a rejeté la demande d'extradition des États-Unis.
A l'automne 2014, le cinéaste a ensuite été interpellé à Varsovie. La Cour suprême a finalement clos sa demande d'extradition.
Samantha Geimer, à qui le réalisateur a envoyé une lettre d'excuses et versé de l'argent, a réclamé à plusieurs reprises l'abandon définitif des poursuites, voulant tourner la page une fois pour toutes d'une affaire qui a profondément tourmenté sa vie. Elle affirme dans ses mémoires lui avoir pardonné.
L'affaire a jeté une ombre sur la carrière de Polanski toute sa vie. Peu après l'annonce en janvier du choix du réalisateur pour présider les Césars, une pétition avait été lancée pour sa destitution sur les réseaux sociaux, recueillant plusieurs dizaines de milliers de signatures, ainsi qu'un appel au boycott de la cérémonie.
Le collectif "Osez le féminisme" avait qualifié son choix de "pied de nez indigne fait aux nombreuses victimes de viols et d'agressions sexuelles" et la ministre des Droits des Femmes, Laurence Rossignol, avait jugé le choix du cinéaste "choquant".
La vie de Polanski a été marquée par de multiples tragédies. Il a survécu à l'Holocauste en Pologne puis, en 1969, sa femme, l'actrice Sharon Tate, enceinte, est assassinée par des adeptes de la secte de Charles Manson lors de l'un des faits divers les plus célèbres des États-Unis.
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