"Les Etats-Unis envisageront de coopérer avec la Russie lorsque nous pourrons trouver des domaines de coopération pratique qui serviront les intérêts du peuple américain", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, après une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov, la première depuis son entrée en fonction.
"Lorsque nous ne serons pas d'accord, les Etats-Unis défendront leurs intérêts et leurs valeurs et ceux de leurs alliés", a ajouté le ministre en marge d'une réunion avec ses homologues du G20, forum des pays riches et émergents, à Bonn en Allemagne.
Respect de l'accord de Minsk
M. Tillerson, qui ne s'est pratiquement pas exprimé depuis qu'il a pris le Département d'Etat, a également demandé à Moscou de "respecter les accords de Minsk et de contribuer à la désescalade de la violence en Ukraine".
Le conflit dans l'est de l'Ukraine entre rebelles prorusses et troupes ukrainiennes a débuté en avril 2014 et fait près de 10.000 morts.
Pour tenter d'y mettre fin, l'accord de paix signé en 2015 appelait notamment à un "cessez-le-feu immédiat et total" et au retrait rapide des armes lourdes de part et d'autre de la ligne de front.
Le document a permis l'instauration de plusieurs cessez-le-feu, mais les regains de violence sont fréquents sur plusieurs portions de la ligne de front.
Cette semaine, le porte-parole du président Donald Trump avait lui demandé à la Russie de rendre la Crimée annexée à l'Ukraine pour espérer une levée des sanctions américaines.
Une prise de position vécue comme une douche froide à Moscou.
M. Lavrov de son côté s'est borné à dire jeudi à Bonn que les deux pays devaient pouvoir "aller de l'avant" quand leurs intérêts coïncident, indiquant ne pas avoir discuté avec M. Tillerson de la question des sanctions décrétées par Washington en 2014 contre Moscou. Sujet pourtant prioritaire pour la Russie.
M. Tillerson effectue au G20 son premier déplacement à l'étranger et ses premières déclarations étaient très attendues après une série de signaux contradictoires envoyés par l'administration Trump.
Le président américain a d'abord promis un rapprochement avec Moscou, suscitant l'inquiétude en Europe, mais son équipe s'est montrée par la suite plus réservée.
Le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson a approuvé "l'approche duale" de Washington à l'égard de Moscou, après s'être entretenu avec son homologue américain.
"Nous ne voulons pas entrer dans une nouvelle guerre froide, c'est un point sur lequel Londres et Washington sont totalement d'accord. Mais nous ne voulons pas pour autant que l'attitude russe reste ce qu'elle est, Rex Tillerson s'est montré très clair sur ce point", a-t-il dit à la BBC.
Moscou perd patience
Moscou paraît de son côté pressé de voir le réchauffement qu'il espère avec Washington se concrétiser, après des années de relations glaciales avec l'ancienne administration Obama.
Le président russe Vladimir Poutine a appelé jeudi au "rétablissement du dialogue" entre les services de renseignement russes et américain pour la lutte antiterroriste.
Mais en parallèle, à Bruxelles, le secrétaire américain à la Défense James Mattis, tout en assurant que son pays chercherait des terrains d'"entente" avec la Russie, a prévenu qu'il n'envisageait pas "maintenant" de collaborer avec elle au plan militaire.
"La question avec la Russie, c'est qu'ils doivent se conformer au droit international comme on l'attend de toute nation raisonnable sur cette planète", a-t-il ajouté.
La nervosité grandit du coup en Russie.
La Russie et les Etats-Unis "perdent du temps" au lieu de normaliser leurs relations, a ainsi déploré jeudi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a aussi haussé le ton en prévenant que toute tentative américaine de dialogue avec la Russie "fondé sur un rapport de force" mènerait à l'échec.
Il réagissait à des propos tenus la veille par son homologue américain. Ce dernier avait estimé que les Etats-Unis et l'Otan devaient pouvoir négocier "en position de force" avec Moscou.
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