Après deux mois de "diagnostic partagé", les négociateurs syndicaux et patronaux se retrouvent à 16H au siège du Medef pour relancer formellement la négociation, qui avait échoué en juin sur la question des contrats courts. Leur renchérissement était une condition sine qua non de l'ensemble des syndicats à un accord.
Depuis cet échec, le gouvernement, qui avait dû prolonger la convention de 2014, n'a cessé de pousser les partenaires sociaux à se remettre autour de la table, alors que le régime affiche une dette record de 30 milliards d'euros.
Huit mois plus tard, le Medef a enfin accepté de rouvrir la négociation et ne compte "pas faire traîner les choses". Une volonté partagée avec les syndicats, FO espérant aboutir d'ici "début avril" et la CGT "d'ici fin mars". "Personne n'a envie de négocier en pleine campagne présidentielle", précise Denis Gravouil, le négociateur cégétiste, à l'AFP.
Selon le chef de file patronal, Alexandre Saubot, l'environnement est "complètement différent qu'au printemps dernier". "Le gouvernement laisse enfin les partenaires sociaux travailler et un certain nombre de syndicats ont dit qu'ils ne faisaient plus de la taxation un préalable à la négociation, ça change pas mal de choses", assure-t-il.
La question des contrats courts devrait tout de même être au coeur des tractations. Pour les syndicats, c'est le noeud du problème et la principal source de déficit du régime. Or à première vue, le discours patronal n'a pas changé sur le sujet. "Il ne faut surtout pas taxer les contrats courts", a répété Pierre Gattaz mardi.
Son négociateur est plus pondéré. Certes, il confirme que "le mot +taxation+ ne doit pas avoir sa place dans la négociation", mais "le sujet +contrats courts+, si on ne voulait pas l'évoquer, on n'aurait pas rouvert la négociation sachant que nos partenaires veulent en parler".
'Douche écossaise'
Pour autant, les déclarations de Pierre Gattaz ne rassurent pas certains syndicats. "Ça part très mal", a réagi Denis Gravouil. "Si on ne peut pas discuter de taxation des contrats courts, c'est le même point de blocage qu'en juin."
"Avec Pierre Gattaz, c'est toujours la douche écossaise. C'est pénible de négocier avec quelqu'un comme lui, un peu girouette", déplore Eric Courpotin (CFTC). Selon lui, la taxation, "qu'elle soit sectorielle ou autre, on n'y coupera pas".
Michel Beaugas (FO), quant à lui, est moins pessimiste, voyant dans le veto à toute "taxation" une simple "question de vocabulaire": "Je ne peux pas croire qu'on rentre en négociation en se disant qu'on va à l'échec, ce ne serait pas très responsable de la part du Medef."
Les syndicats demandent unanimement un renchérissement des contrats les plus précaires, que ce soit par des cotisations dégressives selon la durée de l'emploi, proposées selon différentes modalités par la CFDT, la CFTC et la CGT, ou par un bonus-malus pénalisant les entreprises qui abusent des contrats courts (FO, CFE-CGC). Les propositions CFDT et FO n'impliquent toutefois pas de hausse globale du coût du travail.
Depuis 2013, certains contrats courts sont déjà légèrement surtaxés, mais cela n'a pas enrayé la progression des contrats courts. Entre 2000 et aujourd'hui, les embauches en CDD de moins d'un mois sont passées de 1,6 à 4,3 millions par trimestre, selon l'Acoss. La preuve, pour le négociateur du Medef, que "taxer n'est pas la bonne réponse au problème" et qu'il faut "faire d'autres expérimentations, avoir d'autres idées".
"L'utilisation des contrats courts est relativement sectorielle", fait valoir Alexandre Saubot, "alors pourquoi avoir des mesures générales ?"
Le Figaro assurait fin janvier que l'idée d'une "surtaxation expérimentale, donc temporaire, réservée aux entreprises les plus utilisatrices de contrats courts" faisait son chemin.
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