Fidèle, selon un député LR, à sa ligne "moi ou le chaos", le candidat de la droite, toujours englué dans l'affaire des emplois présumés fictifs de ses proches, a prévenu que son retrait provoquerait un risque "d'effacement" de la droite au profit de Marine Le Pen, qui se verrait "ouvrir une porte".
"Honnêtement, ça serait peut-être plus facile pour moi personnellement et ma famille de ne pas être dans cette compétition aujourd'hui. Cette décision (de rester), je l'ai prise, je ne reviendrai pas dessus", a dit le vainqueur de la primaire de la droite.
Il répondait ainsi à une vingtaine de parlementaires, notamment sarkozystes, comme George Fenech, Alain Gest, Claude Goasguen ou Sébastien Huyghe qui, lors d'un dîner la veille, avaient constaté leur "impossibilité de faire campagne" face aux dégâts provoqués par le "Penelopegate" et réclamé la tenue d'un bureau politique pour débattre d'un plan B.
"Ce n'est pas je ne sais quelle instance du parti qui va décider du candidat à l'élection présidentielle. Il y a eu une primaire (...) et m'étant entretenu avec les principaux candidats, notamment Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, j'ai constaté qu'il n'y avait pas de solution alternative", a lancé M. Fillon.
"Je suis harcelé par la presse nationale. J'ai le harcèlement judiciaire. Je ne voudrais pas avoir en plus le harcèlement parlementaire(...) La question, c'est + est-ce que vous m'aidez ou est-ce que vous me compliquez la tâche ?+", a exhorté l'ancien Premier ministre dont la campagne reste suspendue à la décision que prendra le parquet national financier à l'issue de son enquête préliminaire.
'Un candidat totalement propre'
Selon des participants à cette réunion à huis clos, la "grande majorité" des députés, "voire 90%", ont soutenu François Fillon. Pour Damien Abad, "la campagne présidentielle, ce n'est pas un brevet de moralisme".
Mais "beaucoup ont aussi témoigné de leurs difficultés sur le terrain" avec "des électeurs choqués par les sommes" gagnées par l'épouse et les enfants Fillon.
"Il y a la nécessité de se dire les choses clairement", a résumé le porte-parole du candidat, Thierry Solère, rattrapé par la tempête. Dans son édition de mercredi, Le Canard enchaîné, à l'origine des révélations sur les Fillon, affirme que M. Solère a "omis de régler une partie de ses impôts" entre 2010 et 2013, des soupçons de fraude fiscale qui font l'objet d'une enquête préliminaire du parquet de Nanterre.
"Chasse à l'homme", a dénoncé M. Solère, qui veut porter plainte pour diffamation contre l'hebdomadaire satirique.
Le chef de file des "frondeurs", le sarkozyste George Fenech, a fait marche arrière pendant la réunion après avoir fait circuler "une lettre ouverte" réclamant un bureau politique face à "une crise majeure".
"Je ne demande plus un bureau politique et j'oublie le texte préparé hier soir", a déclaré M. Fenech après que Christian Jacob a qualifié son initiative de "vraie connerie monumentale".
Mais le sénateur Alain Houpert est lui "toujours sur la même ligne". "La victoire de Fillon s'est faite sur un malentendu avec les Français. Le candidat a caché des choses. Choisissons à l'avenir un candidat totalement propre", a-t-il déclaré à 20minutes.fr.
Face aux députés, M. Fillon a assuré qu'il allait continuer à faire campagne, notamment mercredi à Compiègne (Oise) après avoir déjeuné avec Nicolas Sarkozy. Il veut aussi mettre l'accent sur "la sécurité" avec la situation "dans les banlieues".
Habituellement prompt à les ignorer, il s'est réjoui des sondages qui "ont commencé à remonter un peu", alors que "ceux de M. Macron sont en train de baisser".
M. Fillon est pourtant en chute libre et se retrouve à 22% de cote d'adhésion, soit une baisse de 10 points en un mois, selon un sondage Odoxa publié mercredi.
L'optimisme du candidat est d'ailleurs loin d'être partagé par tous. "Morituri te salutant" ("ceux qui vont mourir te saluent"), ironise un sénateur LR. Certains "comptent sur la justice pour faire le sale boulot", assène un député.
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