"Il faut que la justice passe", a déclaré le chef de l'Etat mardi matin lors d'un déplacement dans une mission locale d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), à l'issue d'une nouvelle nuit de violences qui a débouché sur au moins 25 interpellations.
"On ne peut pas accepter, à cause d'un drame que j'ai moi-même dénoncé, qu'il y ait de la casse", a ajouté François Hollande, qui s'était rendu la semaine dernière au chevet du jeune noir de 22 ans victime d'un viol présumé lors d'une interpellation le 2 février et toujours hospitalisé.
"Police, violeurs, assassins", a lancé une habitante à son passage. "Il aurait dû venir avant", a de son côté estimé Nadia, 50 ans, mère de 4 enfants. "Il n'y a rien pour nos enfants ici. Les jeunes du 93 galèrent trop."
"Conscient" qu'il venait en Seine-Saint-Denis "dans un moment particulier" pour ce déplacement consacré à l'insertion professionnelle des jeunes, François Hollande a longuement plaidé en faveur du "respect", soulignant qu'il "n'y a pas de vie en commun, s'il n'y a pas de respect".
"Le respect, c'est celui qui est dû à ces jeunes quand ils sont contrôlés, lorsqu'ils sont eux-mêmes confrontés à des situations de violence", a-t-il enchaîné.
La cité des 3.000 d'Aulnay-sous-Bois est à moins de 10 km. C'est là que Théo dit avoir été violé par un policier avec une matraque lors de son interpellation.
Des scènes de violences urbaines ont éclaté depuis à Aulnay, puis en Seine-Saint-Denis et à d'autres communes françaises, essentiellement en Ile-de-France.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux, qui avait appelé lundi "au calme", "à la responsabilité" et "à la confiance dans la justice", doit se rendre en début d'après-midi dans le département voisin du Val-d'Oise "sur le thème du lien police et population".
Il ira à Sarcelles puis à Villiers-le-Bel, où la mort de deux jeunes dans la collision de leur mini-moto avec une voiture de police en 2007 avait déclenché de vives violences urbaines.
Le gouvernement craint une multiplication des incidents dans les banlieues déshéritées, dont la situation était jusque-là largement absente des débats à deux mois de l'élection présidentielle.
25 interpellations dans la nuit
Douze jours après le début de l'affaire, au moins 25 personnes ont été interpellées dans la nuit de lundi à mardi en banlieue parisienne pour des violences urbaines.
Douze personnes ont été interpellées pour la seule Seine-Saint-Denis pour des jets de projectiles et d'engins incendiaires et 17 véhicules incendiés, selon des sources policières.
"Il y encore des incidents, des incendies de véhicules et de poubelles mais j'ai le sentiment, d'après ce que me disent les autorités préfectorales notamment, qu'on est plutôt à la décrue", a estimé Stéphane Troussel, président (PS) du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, sur Europe 1.
A Epinay-sur-Seine, où huit personnes ont été interpellées, un appel à l'affrontement avec les forces de l'ordre avait été relayé sur les réseaux sociaux.
Onze autres interpellations ont eu lieu dans le département voisin du Val-d'Oise, à Deuil-la-Barre et Sarcelles, et deux à Elancourt dans les Yvelines, au sud-ouest de Paris.
Des incidents n'ayant pas conduit à des interpellations ont également touché d'autres villes de banlieue parisienne, notamment à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Violences urbaines, malaise des banlieues... Il n'en fallait pas plus pour que le sujet devienne un terrain d'affrontement à l'approche de la présidentielle.
"En l'état je crois qu'ils se fichent pas mal du cas de Théo et je crois qu'en fait, c'est un prétexte utilisé pour pouvoir s'amuser, piller, agresser", a estimé mardi la députée Front national du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen.
La veille, le FN avait lancé une pétition en ligne "pour soutenir la police".
Après l'interpellation brutale de Théo, l'un des quatre policiers ayant procédé à son interpellation a été mis en examen pour viol. Les trois autres pour violences.
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